Mon poing dans ta gueule

J’ai lu ça : http://diglee.com/stop-harcelement-de-rue/ et étant homme/mari/papa, je suis tombé des nus devant ce genre de comportement.
Pourquoi ? Parce que même si je suis un asocial invertébré, je n’ai jamais, JAMAIS imaginé me comporter de la sorte, parce que… Bin je sais pas, c’est inconcevable quoi.
Et pourtant, je suis pas féministe quoi.

Allez, rigolons-en un peu parce que c’est grave (faut toujours rire un peu des trucs graves).

Scène 1 dans le RER bondé suite à une énième panne, direction Paris, je m’apprête à passer une chouette après midi :
– Pardon, mais vos fesses me frottent un peu trop… l’entrejambe.
– Oh hey, c’est bondé hein, on n’a pas de place !
– Nan je vois bien, c’est juste que là, vous vous frottez…
– Ecoute, si tu supportes pas les contacts, faut pas prendre les transports en commun.

Scène 2 dans le métro, la rame n’est pas pleine, et pourtant un mec me colle, j’évite son regard jusqu’à ce que :
– Hey mec, t’as touché mon pas-cul ! dis-je.
– Hein ? répond le gars.
– T’as touché mon pas-cul !
– Ouais…
– Non mais attend, C’EST MON PAS-CUL !
– Oh hey, ça va quoi, j’ai juste tâter tes oeufs au plat !
– Quoi ?
– Allez, fait pas ton chaud, avoue que t’aime bien te faire palper, sinon tu mettrais pas des jeans tombant !

Scène 3 dans un parc, je bouquine allongé sur l’herbe, mon ventre graisseux glissant légèrement en dehors de mon t-shirt, trois mecs m’abordent :
– Hey mossieur, vazy comment t’es bon.
– Hein ? dis-je.
– Sans mentir, ton bide qui tombe quoi, trop sex !
– Ça te dirait de nous montrer le reste, on a une chambre d’hôtel pas loin.
– Non merci, je préfère lire Ruffin.
– Vazy fait pas ton malandrin, vient coquiner avec nous.
– On sera affectueux !
– Dans la cave de l’hôtel.

Scène 4, pour me remettre de mes émotions, je me suis posé en terrasse où je bois une pinte. Un peu de mousse se colle dans ma barbe :
– Bonjour, je pourrai vous retirer cette mousse avec ma verge.
– Hein ?
– Je suis bon viseur vous savez (clin d’oeil lubrique), mouha ha ha ha… (rire en bullet time)
– Non merci. J’ai des manches.
– Allez quoi, sex et bière, c’est un avant goût du paradis.
– Où d’une MST…
– Haaaan, t’aime ça ! Tu kiffes les trucs sales, allemands, viens, je vais te prendre sur la pissotière !

Scène 5, pour m’enfuir de cette ville, j’attrape un vélib. Pédalant, crachant mes poumons, je ne cesse de voir des mecs me reluquer, me siffler, certains essayant de m’attraper au passage.

Pour finir, je retrouve ma ville, mon espace tranquille, ma DMZ à moi. Départ pour l’école où je récupère mon petit gars

Scène 5, le finish him :
– C’est ton grand frère ?
– Non, c’est mon papa.
– Oh, vous faites jeune.
Sa main se pose sur mon pec.
– Vous faites du sport non ? Vous avez l’air… entretenu.
– Ne me touchez pas.
– Moi aussi je m’entretiens… On pourrait s’entre-tenir ensemble. Avant que votre femme rentre, vite fait.
– Non merci.
– Permettez-moi d’insister.
– Non merci.
– Permettez-moi d’insister.
– Non merci.
– Permettez-moi d’insister.
– Non merci.
– Permettez-moi d’insister.
– Non merci.
– Permettez-moi d’insister.
– TA GUEULE !

Je ne sortirai plus.
La rue est devenue trop dangereuse.
J’y passe mon temps à chercher d’où viendra la prochaine remarque, le prochain attouchement, la prochaine agression.
J’ai l’impression de n’être plus qu’un sextoy qui s’agite devant des armées en rut.
Je ne suis même plus un corps, juste un sexe ambulant.
Un trou à fourrer.

Note : effectivement, sur la fin, j’ai perdu un peu de mon humour. Pourquoi ? Parce que ce type de comportement ne l’est pas.

Reprenez donc tous en coeur : http://www.madmoizelle.com/colere-nom-feminin-255830

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