Homo superior 10

## Avertissement : ceci est une fiction fictionnelle, sauf pour les parties véridiques. Fan, kiffez ! (ou pas) ##

Rappel de l’épisode précédent :
Je suis né à Melun.
Je devrai être un super héros.
Enfin j’en ai les pouvoirs, mais j’en suis pas un. Je suis juste un mec dont la vie a basculé à cause d’eux.

*
* *

L’école de Fontainebleau est un lieu hors du temps, perdu dans les bois, fait de plusieurs bâtiments qui datent du siècle dernier, voire du siècle d’avant même et habité par des hommes aux valeurs… du siècle dernier.
– Vous êtes ici parce que vous l’avez demandé, parce que vous voulez faire quelque chose de vos bras : vous souhaitez servir votre pays, protéger vos compatriotes et arrêter les tous ceux qui enfreindront la loi.
C’est pas ce que pensent les autres, ceux qui sont debout, raides comme des piquets, immobiles malgré la pluie. Eux, ils sont à fond dedans, ou pas loin.
– Mais vous n’en êtes pas là. Pas encore. Entre maintenant et votre objectif, il y aura des larmes, il y aura du sang, il y aura des jours et des nuits où vous n’en pourrez plus. Vous serez tenté d’abandonner. Certains abandonneront. Mais ceux qui resteront, ceux qui tiendront, eux seront les vrais héros.
Ils ont le menton bien haut, les yeux bien brillants, le torse bombé, de fierté et d’espoirs. Ils sont ici pour devenir ce qu’ils ont toujours rêvé d’être. Ils sont ici pour avoir le droit d’être des super héros.
– Ce n’est pas une question de pouvoir, de maîtrise ou de gadgets, ce qui fera de vous un héros, c’est vous, et rien d’autre. Votre détermination fera la différence. Votre courage. Votre abnégation. Votre humulité. Votre obéissance.
Je suis pas raide comme eux. Je suis juste droit. J’ai pas le menton et la tronche en haut. Je regarde le lieutenant-colonel comme je regarderai n’importe quel mec. Il a cramé ma démotivation, mais pour le moment, il n’a rien dit. Ce qui est peut-être un mauvais signe, parce qu’il a pas l’air commode.
– Vous devez vous demander comment vont se passer les prochaines semaines. Laissez-moi couper court à vos interrogations. Le programme est le suivant : vous apprendrez les matières suivantes. Police judiciaire, sécurité routière, technique d’accueil, usages des armes et des pouvoirs, connaissances professionnelles, formation militaire, intervention professionnelle et sport. Ces matières ne vous parlent pas ? Vous les découvrirez dès demain.
Je repense à Charly. Avant de partir, Karl m’a dit de choper quelques biftons. Sans réfléchir, j’ai attrapé la liasse qu’elle m’avait filée. J’ai pas l’intention de la dépenser, j’y suis attaché et là, sous cette pluie, je repense à ces billets, à Charly, à son baiser. Et je me demande ce qu’elle est devenue.
– Vos journées types seront comme suit : 5 heures, réveil. De 6 à 7, vous prendrez votre petit-déjeuner et vous effectuerez des travaux d’entretien, c’est à dire, pour les plus lents d’entre vous, du ménage. De 7h30 à 12 heures, vous aurez soit des cours soit des exercices. De 12h30 à 13 heures, vous déjeunerez. De 13h30 à 18 heures vous aurez à nouveau des cours ou des exercices. De 18h30 heures à 19h30 vous dinerez. De 20 heures à 22 heures vous serez en étude obligatoire. À 22h10 aura lieu l’appel, avant l’extinction des feu à 22h30. Ce sera de longues journées. Ce sera d’épuisantes journées.
Et je me demande surtout ce que je fous là. Karl m’a déposé devant l’entrée, au milieu des nouvelles recrues, et j’ai suivi le groupe sans réfléchir, parce que je n’avais pas le choix. Mais là, face aux conneries que balancent le lieutenant-colonel, je me dis qu’il faudra me casser de là et rapidos. Jamais je tiendrai dans cette ambiance toute militaire, dans ce délire tout carcéral.
– L’internat. Vous serez cinq par unité de vie. Une chambre, pour les plus lents. Vous pourrez partir le vendredi soir, mais attention, retour le dimanche soir, sans fautes. Vos effets militaires vous seront fournis. Tout ce que vous aurez besoin c’est votre corps et votre esprit. Des questions ?
Silence.
J’hésite à tenter une vanne… En fait non. Ils sont tous trop à fond dedans. Ça finirait mal.
– Bien alors rentrez vous mettre au sec. Une fois dans les locaux les gradés vous repartiront dans vos chambres.
Ok.
On se tourne comme un seul homme, puis on se met à trotter, les uns après les autres, direction l’immeuble de quatre étages, large et tout vieux, avec ces fenêtres en bois et ces briques pour décorer les angles.
L’eau nous fouette le visage, nos fringues sont trempées et lorsque je passe le pas de la porte, mes baskets rincées couinent sur le carrelage. Un mec en uniforme me jauge deux secondes.
– Chambre dix-huit, qu’il me balance en m’indiquant un couloir.
Ok.
Je l’emprunte.
Je passe devant des portes entrouvertes derrière lesquelles des mecs se foutent à poil pour se changer. Personne parle trop, tout le monde se mate, se pose des questions ou se contente de se mettre au chaud. Quinze, seize, dix-sept, dix-huit. J’entre. Quatre mecs sont déjà là. Un roux, un asiat, un petit métis et un grand black. Ils me jettent un coup d’oeil, puis retournent à leur casier.
Bonne ambiance.
Je les imite.
Je me change puis je mate ma montre, il est bientôt lors de dîner.
Je m’allonge sur mon lit, je mate le plafond, je respire, je repense un peu à Évry, à Mathieu, à Karl, j’ai du mal à piger comment tout s’est emboité. Peut-être qu’un joint m’aiderait à comprendre…
– Hey les gars, on va pas se faire la gueule pendant des plombes.
Je me redresse et voit que c’est le petit métis qui a pris la parole.
– Je m’appelle Pacôme.
Il s’approche de l’asiat et lui tend la main.
– Et toi ? qu’il reprend.
– Merlot.
– Merlot ?
– Merlot.
– Cool.
– Ça te pose un problème ?
– Nan, nan, c’est cool.
Le petit métis se tourne rapidos avant de foncer voir le grand black.
– Et toi ?
– Boiselier.
– Vache. D’où il sort ton nom ?
– Appelle-moi Black Wood. C’est mon surnom.
– Ok. Sûr que ça le fait plus.
Il vient vers moi.
– Gautier.
– Toi aussi t’as pas été gâté. Et le p’tit dernier ?
– Tintin.
– Tu t’fous de moi ?
– Non.
– Personne s’appelle Tintin.
– C’est mieux que Milou, rétorque Merlot.
– Sûr, mais ça craint quand même.
Le rouquin se met à fixer le petit métis. Y a quelque chose dans son attitude qui pue la violence.
Pacôme le voit. Il se ravise direct.
– Ok, qu’il dit pour couper court, donc Merlot, Black Wood, Gautier et Tintin. Ça marche… Dites les gars, on se les montre ou bien ?
Ou bien. J’ai pas envie de jouer à qui a le plus gros pouvoir.
– On a le temps pour ça, dit Merlot. Moi je suis de Meaux. Et vous ?
– De Troyes, dit Tintin.
– Je suis d’ici, dit Black Wood en finissant de ranger son casier.
– De Torcy, précise Pacôme.
– De Melun, que je dis.
– 7-7 en force, balance Black Wood avec un grand sourire.
– T’aime le rap ? que je demande.
– Carrément. Mais j’aimerai mélanger la force des paroles au speed des bons rock, pour faire genre une fusion…
– T’es un musicos, moi aussi ! l’interrompt Pacôme.
– Quel genre ? demande Black Wood.
– Genre le zouk mec.
– Pas mal.
– Le zook ? demande Merlot.
– C’est une musique qui a pour origine les musiques ethniques antillaises comme le gwoka guadeloupéen, la bèlè, le chouval bwa martiniquais et le compas haïtien.
– Merde Black Wood, s’écrit Pacôme, t’es une encyclopédie musicale à toi tout seul.
– J’aime la musique.
– Qu’est-ce tu fous là alors ?
– Comme l’a dit le lieutenant-colonel, je veux être utile, je veux servir mon pays.
– T’as pas fait que l’écouter dis donc, intervient Tintin, tu l’as sucé aussi.
C’est con mais j’ai éclaté de rire.
On allait reprendre nos discussions débiles quand une sonnerie a retenti.
Un gradé s’est pointé et a gueulé dans le couloir :
– À la cafet les bleus, c’est l’heure du dîner.
Sec, viril, mais poli. Tout le monde s’est placé dans le couloir. On devait attendre que chaque chambré soit au garde à vous. Une fois fait, le gradé nous a ordonné de le suivre et on s’est mis en mouvement.
Après y a eu une bouffe inconnue dans le système solaire dans nos plateaux, qu’on a essayé de bouffer. Tintin a mangé comme quatre. Puis on s’est retrouvé dans notre piaule et y a eu l’extinction des feux.
Après…
Après ça a été comme le lieutenant-colonel l’avait annoncé…

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Je vais quand même raconter deux ou trois trucs.
En fait, surtout comment je suis retombé sur Charly.

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