La coopération au travers des jeux

Jouer est une activité sociale qui se pratique à plusieurs ou tout seul. Dans le cas où l’on joue à plusieurs, il existe des jeux dans lesquels tous les joueurs ont le même rôle et des jeux les joueurs peuvent endosser des rôles différents.
Dans les jeux où l’on joue tous le même rôle, les joueurs peuvent être des adversaires ou des alliés. Dans le cas d’une opposition (ou compétitif), l’objectif sera d’être le meilleur. Dans celui d’une coopération, la partie consistera à atteindre un objectif commun (se sauver, la résolution d’énigmes, obtenir tant de points, etc).
Mais est-ce que c’est tout ? Vraiment tout ? Beaucoup de jeux mettent en scène la collaboration, de manière différente. Du coup, cette définition de « on a un objectif commun » est-il vraiment suffisant pour définir un jeu collaboratif ?
C’est l’interrogation qui m’a travaillé ce week-end.

Recherche Wikipédia. Cette dernière va un peu plus loin en précisant qu’un jeu coopératif comprend généralement les point suivants :
– l’objectif commun (déjà cité),
– une action et réaction de la part de tous les membres du jeu pour que tous progressent dans le jeu,
– un critère de fin de jeu (un délai, une fin de pioche, etc),
– une évaluation collective : on a gagné ou perdu.
Les règles peuvent favoriser l’échange et l’entraide tout au long du jeu.

C’est bien ,mais il manque la notion de rôle : si le joueur joue en tant que joueur, il va coopérer avec ses qualités, ses compétences et ses défauts.
Si le jeu propose des rôles, le joueur va devoir/pouvoir endosser les qualités, les compétences et les défauts de son rôle (de son personnage).

Ces derniers temps, j’ai testé plusieurs jeux coopératifs sur lesquels j’aimerai revenir un peu : Unlock, Sub Terra, Hanabi, The mind.
Oui, ces jeux n’ont pas grand chose à voir. Mais prenons le temps de les considérer avec un peu de recul.

Unlock est un jeu de cartes de type Escape game. Les joueurs vont devoir résoudre des énigmes pour accomplir le scénario (souvent sortir de l’endroit où ils sont enfermés).
Il n’y a pas de rôle. Mais les énigmes de différents types permettent aux différents types de joueur de s’exprimer, d’avoir leur instant de gloire : énigme d’observation, de manipulation, de déduction, etc.
Nous sommes donc en présence d’une coopération sans rôle à objectif partagé.

Sub Terra est un jeu de tuile dans lequel les joueurs incarnent des spéléologues. Prisonniers dans une caverne, pourchassés par des monstres et autres joyeusetés, ils doivent se sortir de là pour survivre. Chaque joueur se voit attribuer un personnage avec des compétences spécifiques. Le garde du corps par exemple pourra flinguer les horreurs (oui, y a des spéléologues gardes du corps…).
Nous sommes ici en présence d’une coopération avec rôle à objectif partagé.

Dans les deux jeux que nous venons de voir, le joueur utilise ses capacités physiques, ses compétences et/ou celles de son personnage. Mais il arrive que certains jeux vous handicapent. L’objectif est de stimuler la coopération en vous privant d’un de vos sens.

Hanabi est un jeu de carte dans lequel le joueur ne voit pas les cartes qu’il a en main.

L’objectif du jeu est de fournir des informations au joueur pour que ce dernier puisse recomposer une suite, suite qui forme un feu d’artifice.
Pas de rôle, un objectif commun mais un handicap. La vue. Le joueur est mis en situation d’aveuglement partiel. Il voit les jeux des autres mais pas le sien.
Il s’agit d’une coopération complexe qui table sur la stratégie, la gestion des informations et la mémorisation.
Pour résumer il s’agit d’un jeu qui met en scène une coopération sans rôle à objectif partagé mais avec handicap.

The mind est un second jeu de carte dans lequel les joueurs vont aussi devoir recomposer une suite, mais cette fois sans communiquer.

Les joueurs doivent jauger le temps qui passe, les coups d’oeil, les respirations. Ce jeu est similaire à Hanabi dans son concept : il s’agit d’un autre jeu qui met en scène une coopération sans rôle à objectif partagé mais avec handicap.

De là, peut-on imaginer d’autres jeux ? Peut-on imaginer de la coopération dissymétrique ? Par exemple : une groupe de joueurs travaillent ensemble à combattre un ou plusieurs autres joueurs.
Oui, ça existe. Un exemple : Not Alone.

On peut citer aussi Loups garous ou Invaders, qui sont autant de jeu ou un groupe doit coopérer pour atteindre un objectif commun (en gros, chasser l’ennemi).

De là encore, peut-on imaginer des jeux de coopération avec un groupe de joueurs dont chacun a un objectif différent ? Probable. Dans le jeu de rôle, il arrive que les joueurs possèdent un objectif plus ou moins individualisé, mais ce n’est pas obligatoire : tout dépend du MJ.

Au final, cela m’a donne un proto-tableau pour créer des jeux :collaboratifs :

Définir la coopération :
– Groupe : tous ensembles, plusieurs contre plusieurs ou individuel (pas de groupe),
– Objectif : commun à tous, commun à un groupe ou individuel,
– Type d’objectif : atteindre un score (Palm Island en mode coop), réaliser une action (trier une suite), transmettre une information (Palmer),
– Moyen d’atteindre cet objectif : maitriser le jeu, partager des compétences/connaissances, communiquer, comprendre les autres membres du groupe/du jeu,
– Rôle : oui ou non,
– Handicap : oui ou non.

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