Avertissement : ce qui suit ne sont que mes pensées, que mon avis. Ce n’est étoffé par aucune étude sérieuse. C’est noté ? Alors on y va !
Étude du CNL, auprès de françaises et de français de tous les âges, le constat est sans appel : on lit moins. Enfin le on ne m’inclut pas : je lis toujours autant, mais pas forcément la même chose. On y reviendra.
On lit moins donc. Avant de prédire la fin du monde, revenons sur « c’est quoi lire ? ». Lire, c’est tout d’abord un acte technique : on décrypte le langage posé à l’écrit. On balance le texte en mémoire, on l’interprète en le faisant sien.
King en parle dans Écriture je crois, quand je dis « au milieu de la pièce, il y a une table », nous lisons, comprenons, puis interprétons et suivant nos goûts, cette table aura une tête hyper différente : table Ikéa, de ferme, en chêne, ronde, rectangulaire, le cerveau vient combler les trous avec de l’intime. L’univers qui se construit lorsque nous lisons contient un peu de nous.
C’est important ? Un peu mon neveu, parce que les personnages eux, même si par le plus grand des hasards nous ressemblent un peu (ou si l’autrice ou l’auteur fait exprès de laisser des blancs pour qu’on s’y projette), vont vivre des aventures dans un cadre s’appuyant sur notre intime. Les expériences qu’ils vont affronter, les difficultés, le découragement, la résilience, tout cela va venir nourrir notre cerveau à tel point que cet andouille, va allègrement mélanger souvenirs réels et souvenirs de lecture. Il va faire sien les expériences vécues pour approfondir notre expérience. Il va s’armer pour répondre aux évènements que nous allons traverser. C’est pour ça que je sais plus qui a dit : Une personne qui lit pas vivra une vie, une personne qui lit en vivra 1000. C’est pas faux !
Mais c’est pas tout.
Lire permet de découvrir également d’autres manières d’exprimer ses idées, son ressenti, ses sentiments. On imagine tout de suite du vocabulaire bizarre, des mots inconnus à plus de huit syllabes et bien que nenni ! Dinguerie, ambiancer, sont des mots qui viennent à la fois illustrer d’une nouvelle manière une idée, et qui viennent faire vivre la langue. Donc lire, ça permet aussi d’être mieux armer pour s’exprimer, pour se comprendre, pour expliquer.
Là je reviens à » je lis toujours autant, mais pas forcément la même chose ». En effet, ces dernières années, je lis beaucoup plus de jeux de rôle, de jeux, mais aussi de maisl, d’articles, de blogs, de notifications, de statuts, etc. Est-ce que tout compris je lis moins ? Non, je lis même beaucoup plus qu’avant. Mais je lis moins de roman. Est-ce que c’est grave ? Je crois oui. Parce qu’un mail, un statut, une notification, ne pénètrent pas notre intime, ils ne nous remplissent pas, ne nous améliorent pas.
Alors est-ce que c’est grave de ne pas lire de roman ? Bin, apparemment, y a une bascule qui s’effectue vers les mangas et les plateformes de VOD. Les mangas c’est bien. Même si l’image remplace le texte. Les séries et les films c’est bien aussi. On peut vibrer devant un blockbuster, trembler face à un film d’horreur, voire même pleurer. Est-ce que l’expérience est comparable à celle d’un livre ? Est-ce que notre cerveau mélange nos souvenirs de galipettes avec les cascades de Tom Cruise ? Pas sûr. Est-ce qu’il s’enflamme devant la résilience de Seiya ? Peut-être bien oui. Peut-être que ces média nous apportent beaucoup, mais pas forcément la même chose.
Aujourd’hui, tous ces média sont en concurrence. Et on se dirige vers le plus facile, le plus funs, le plus interactif (j’ai pas parlé des jeux). Alors est-ce qu’on doit changer les romans pour regagner des lectrices et des lecteurs ? Est-ce qu’il faut casser leur linéarité, promouvoir l’échange lors de la lecture, ou plutôt passer par des livres audio ? J’en sais rien.
Mais je sais une chose, quand on écrit des bouquins, constater que les gens lisent moins, ça interroge.
Je m’interroge.
À bientôt.
Lilian.