Au secours ! Un ours est en train de me manger ! – Mykle Hansen

Mykle (prononcé micle), est comme un vieux tonton qu’on aurait retrouvé au repas de Noel. Ce bon vieux tonton qui met l’ambiance depuis qu’on est enfant, qui fait rire tout le monde, mais qui, ô vieillesse ennemie, est devenu de moins en moins drôle au fur et à mesure que sa gâtitude s’est amplifiée. Du coup, lorsqu’il a commencé à raconter sa blaguounette, tout le monde s’est banané en se souvenant des temps anciens où, par Crom, il était si berzerkement drôle.
– Alors c’est l’histoire d’un mec qu’est coincé sous son 4×4…
Et sérieux au début, c’est drôle. Tain, le tonton, ressuscité quoi. Un an qu’il est sous pression, qu’il note des blagues, qu’il les répète, et ça paye quoi. Il en rajeunit presque.
Et il s’en rend compte, il en est heureux, il jouit presque.
Et là, ça devient vite un problème : son plaisir, il cherche à le faire durer, à ralentir le temps, la nuit.
Alors la blague s’étale…
– Et le mec le premier jour, bin il chambre l’ours, il rêve de botter le cul à la nature, de monter un logo antibio…
Et là les rires deviennent des sourires. Alors tonton tombe dans le piège le plus pire du comique : la surenchère. Il se dit qu’en en rajoutant, il ravivera l’assemblée et que les rires reviendront…
– Et un autre ours ! Ha ha ha !
Ne jamais rire de ces propres blagues.
Tonton s’envase. Il se noye peu à peu dans son histoire et les faciès de la famille virent à la gêne. Le grand père aimerait sa gnole, les petits jouer, les plus grands sortir en fumer une.
Les regards se détournent et tout le monde pense que oui, tonton a bien vieilli.
Et sans se démonter, tonton cherche à conclure.
– Alors le mec, à la fin, il est plus sous son 4×4…
Plus personne ne rit. Plus personne ne l’écoute. On prépare le café, on sert la gnole, les gamins sont partis jouer avec leurs cadeaux et tonton finit sa blague seul. Triste.
Oui, il a vieilli. Il ne sait plus raconter comme avant. Il ne sait pas à quel moment tout a basculé, mais il a perdu son don, sa spéficité, sa force.
Du coup tonton, il la ferme, se rassoit et boit un nouveau coup.
Tant pi. L’année prochaine, il fermera sa gueule.

Par contre, en le lisant, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à ça :

ausecours

Ok, ok, c’est pas fin. Mais sérieux, c’est toujours plus fun que ce bon vieux tonton… Ou pas…

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