La gestion éclairée de l’échec

Dans le monde de la SFFF, les auteurs connaissent bien les appels à textes (les ATs pour ceux du niveau 2). Quoi ? T’es niveau 1 ? OK, alors petite définition :
«  Un appel a texte est entrainement d’écriture provoqué par une maison d’édition sérieuse (ou une association, ou un magazine, ou le premier fafelu qui cherche à se faire remarquer en se faisant passer pour un Jedi alors qu’en fait c’est juste un Mercredi) qui impose sur un thème (l’invasion de l’armée des clowns tueurs extraterrestres), une taille de texte (en général 1,70m). Les jeunes padawans rédigent leur texte (en général, une seule participation est aurotisée, plus c’est riché, comme jean françois). Une équipe de trompe-la-mort se tarte les centaines de textes foireux, ils sélectionnent les meilleurs et les proposent pour l’anthologie, qui rassemblent la crème de la crème (un peu comme dans un gang b…). »
La suite tout le monde la connait : l’anthologie se vend à milliards d’exemplaire, Luc Besson et Steven Spielberg se fightent pour savoir qui va adapter quoi et au bout du compte, les auteurs qui ont participé boivent du champagne plein de paillettes en or sur un yacht non soumis à l’ISF (merci Macron – sur un air connu pour les plus vieux), au milieu de starlette du show-biz, avec qui ils croisent les effluves (même si c’est mal), avec un zest de drogue.
Disons le tout net, pour l’AT Tous aux abris de ce cher compagnon de clavier Julien Morgan, je n’ai pas été retenu. Au début, j’ai bien pris ça. J’ai écrasé quelques pandas roux, avant de me jeter sur une bouteille d’alcool provenant d’Europe l’Est…
– C’est du sang ?
– Da ! Mais il né faut pas boireuh le coeur qui bat en dedans…
– Ah oui tient, c’est rigolo…
Puis après je ne sais plus, y avait des enfants, des vieux, une cave, une poupée, un human centipède et à un moment, quelqu’un a crié… et j’ai plus rien imprimé.
Le lendemain, avec la gueule de bois que tu peux imaginer, et après avoir jeté mes vêtements plein de sang, j’ai répondu un mail un poil flatteur à Julien, pour le remercier d’avoir lu mon texte, en affichant aucun regret de ne pas avoir été retenu, parce qu’au fond, je suis un gentleman. Un vrai…
– Papa, y a un papi dans le frigo !
– C’est un copain de papa. Il va le ramener à ladéchetterie une fois l’article terminé bébé.
– OK.
Où en étais-je.
Pas retenu donc.
Mais voilà, ce texte, je l’aime. Je lui trouve plein de qualités. Il n’a pas été sélectionné, ça ne veut pas dire qu’il est merdique. D’ailleurs, quand je l’ai lu au papi réfrigéré, il n’a fait aucune remarque. C’est bien un signe !
Du coup, pourquoi accepter de le laisser pourrir dans un fond de tiroir ? Pourquoi l’abandonner comme Rémi sans Famille ? Pourquoi l’enterrer comme le double de Ash dans Evil Dead 3 ? Et surtout, pourquoi, pourquoi, pourquoi, de Sandy Valentino !
Donc.
C’est pour ces questions illogiques qui se concluent sur une titre honteux que j’ai décidé de l’auto-éditer.
L’auto-édition.
J’y suis passé une fois. Quand j’étais jeune. Pour justement mettre en avant des nouvelles que j’appréciais tout particulièrement.
L’auto-édition.
Cette auberge sombre, un peu crasseuse, dans laquelle se retrouvent les pires soudards, défigurés, à l’équipement ravagé par les combats successifs.
L’auto-édition.
Et son monde impitoyable.
Je me suis remis à Sigil. Le logiciel, pas la ville d’Ad&d. J’ai refait des fichiers .xhtml, des .css, des exports d’images, de l’ajout d’espaces insécables etc.
Et voilà. Le bébé est quasi prêt.
Puis je me suis dit :
– Diantre, pourquoi pas tenter une édition papier !
Sur ce coup là, Stéfane Desienne m’a averti :
– Ne t’apapilleuh pas commeuh oune gougadineuh qui checheuh de meilleuh sex dou dillageuh !
Proverbe orléanais je crois…
Bref, j’en suis là, à tenter de faire de cette petite oeuvre un feuillet qui pourrait vous arriver pour la Noël.
Et vous dans tout ça ?
Et toi ?
Pourquoi je te dis tout ça ?
Bin parce que tu peux l’acheter. Tu pourras découvrir ce bijou sur ta liseuse (non, ce n’est pas une jeune étudiante suédoise qui vient te lire tes bouquins).
Si vous êtes 50, je rentrerai dans mes frais.
Si vous êtes 100, je rentrerai dans une auberge pour vous claquer la bise et vous offrir une grolsch.
Si vous êtes 5 000, je rentrerai dans la fête citée ci-dessus.
Si vous êtes 50 000, je rentrerai dans les ordres. Parce que oui, ce sera un fucking miracle.
Voilà.
A toi de jouer.
A vous de jouer.
Si tout va bien, le texte sera dispo courant de la semaine prochaine.

De quoi ça parle ?
Judicieuse question.
J’ai pas encore bien reussi à faire mon quatrième de couv. Mais voici comment Julien Morgan présente mon texte : « Ce texte vous donnera envie de trembler, rire, vomir, ou courir déposer une main courante au commissariat le plus proche. Tout dépend vraiment jusqu’à quel point vous aimez qu’on vous détaille une scène avec un enfant crevé barbotant dans son caca et son sang. »
Intriguant n’est-il pas 🙂
On en reparle bientôt.
Allez, la bize !

Ps : Et pour ceux qui veulent me tipeer sans acheter cette brillante oeuvre ?
Bin c’est con, j’en ai pas. Je suis pas assez célèbre ni productif pour te proposer quoi que ce soit d’autres que mes textes. Va donc falloir que tu en achètes 5 000. Par mois. C’est bien par mois.

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