Nous rêvions juste de liberté – Henri Loevenbruck

Henri Loevenbruck et moi on a une relation qui n’en est pas une. Une fois, j’ai cherché à l’interviewer, du temps où je prenais contact avec les auteurs pour parler de leur bouquin. Je note au passage que les auteurs sont souvent sympa, ont du temps, et répondent volontiers, ce qui est chouette.
Premier contact donc, poli, j’envoie les questions, un peu cons, je l’avoue, je suis fan de Raphael Mezrahi et je déteste les questions trop sérieuses, parce que je trouve qu’on se prend trop la tête dans les émissions littéraires (c’est d’ailleurs pour ça que je suis fan de Livrés à domicile).
Là, silence. (Sans doute a-t-il trouvé les questions trop connes – ça arrive :))
Un peu déçu, je suis passé à autre chose.
Puis je l’ai recroisé non loin de chez moi, dans un Cultura. Harley devant l’entrée, il était assis à une petite table, avec son cuir, son air très sûr de lui, il parlait avec d’autres motards et j’ai pas voulu les emmerder. Je les ai laissés, j’ai pris un truc pour les gamins et je suis reparti.
Récemment, je l’ai entendu parler de Nous rêvions juste de liberté. Et je sais pas, j’ai eu envie de lui faire confiance. Le titre déjà. Comme une promesse, et un regret. Et la couverture, ce motard faisant le zouave sur sa bécane.
J’ai pas lu le 4e de couv, je l’ai pris, je l’ai posé dans la bibliothèque et les mois sont passés.
Puis, y a deux semaines, je suis retombé dessus. Par hasard. Je l’ai pris, je l’ai lu. Et je l’ai pris une deuxième fois, mais dans la tronche.
Disons-le d’entrée de jeu, c’est pas vraiment un livre français. Le style, le lieu, l’histoire, l’ambiance, ce livre tient plus de grands auteurs américains que de Maupassant. Ça en fait pas forcément un grand livre, mais ça en fait un livre intéressant : qui a lu Kerouac, London, ou tous ces auteurs qui parlent de liberté, d’adolescence, de bande d’amis, de fidélité, de trahison, de se chercher, de se perdre, pour se retrouver, trouvera dans ce livre un univers à la fois connu par ses thèmes, et singulier pour les personnages qu’il met en scène.
Car il met en scène des losers magnifiques, des gamins perdus qui deviendront des hommes égarés, qui traverseront des épreuves et s’en verront transformer. Pour le meilleur et pour le pire…
En France, ce type d’histoire serait plus compliqué. Je ne suis pas sûr que la culture de la route existe. Nous n’avons pas, comme aux USA, des pans entiers de la jeunesse qui fuient le domicile familial pour se chercher au travers de l’errance. Puis, il n’y a pas ce mythe du Wild : quand je prends ma bécane, au bout de 50 bornes, je ne me trouve pas dans le désert ou les montagnes, mais au milieu des champs de betteraves et faut bien avouer, en terme d’aventure et de liberté, ça envoie moins de bois que les paysages américains. Sans parler des villages tous les 15 bornes, là où tu dois pouvoir rouler plusieurs jours sans croiser âme qui vive.
Bref, le cadre est plus puissant.
Revenons-en aux personnages, vraiment attachants. Ils le sont parce que Leurs fêlures les rendent humain. Et leur caractérisation est top ! J’ai rigolé aux âneries du Chinois, qui ressemble au pote déficient que nous avons tous. La Fouine aussi possède un profil qu’on trouve facilement dans une bande. La relation Freddy / Hugo est un attachement d’amitié profonde, une fraternité, qui ne peut qu’amener à la déception. Et là encore, on a tous eu des meilleurs potes qui ont disparu de nos vies…

Je pourrai continuer à analyser l’histoire, le style, la manière dont c’est construit, mais franchement, j’en ai pas envie. Analyser ce bouquin, c’est l’abîmer.
Le plus simple, achetez-le, lisez-le.
Vraiment.
C’est un grand livre.


Pour poursuivre : vous pouvez mater Sons of Anarchy ou jouer à 1%, mais c’est davantage sur l’univers des bikers et des MC. Sinon y a Into the wild. Et Kerouac. Ou juste, vos souvenirs d’ado, vos potes, vos rigolades, vos espoirs de l’époque et ce que tout ça est devenu.

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