La création en confinement

Comme beaucoup, quand l’annonce du confinement a retentit, je me dis : « Chouette ! Je vais pouvoir avancer sur tous mes projets ! »

Et en fait non.
Y avait une sourde angoisse au début, un quotidien à réinventer. S’occuper des enfants, faire comme si tout irait bien, assurer la continuité pédagogique et s’inquiéter de savoir ce qu’il allait advenir.
Je ne reviens pas sur les revirements sanitaires qui ont créé une instabilité effrayante.
Pendant un mois, impossible de se concentrer, impossible d’avancer. Les yeux braqués sur les infos, à l’écoute de la moindre rumeur, la tête pleine de question, les mêmes questions dans les bouches des journalistes, des médecins, des amis confinés.
Impossible de jouer, de comprendre les règles du jeu, d’analyser un jeu.
Juste regarder des fictions sur le petit écran, découvrir des films, des séries, puis revenir à la lecture, doucement.
C’est à ce moment que j’ai vu la création comme divertissement. Avec les éditions Voy’el, nous avons offert La brigade des loups en numérique.

Puis il y a eu la cyberconv : conf en ligne, discussions, durant 48 h (et un peu plus même), et la centration de retour. Un peu. Comme une reprise.
Un ami du net (poke Stéphane Gallay) m’a pris de court en me proposant de présenter mon jeu de rôle en cours d’écriture, chose qui m’a paru sur le moment impossible : manque de confiance en moi, manque de concentration, peur de mal m’exprimer, de mal faire… Peur d’être à côté de la plaque après tout ce temps en off.
Mais quelque chose s’est débloqué.
Je ne pouvais pas rester encore longtemps sur la touche.
J’ai tenté les parties de jeu de rôle sur Roll20/Discord. Difficile au début.
J’ai repris la lecture d’un jeu de rôle (Blades in the dark – excellent soit dit en passant). Compliqué. J’ai du relire plusieurs fois certains passages pour comprendre le système (poke Samuel Ziterman pour ses vidéos explicatives sur Youtube).
Un ami auteur (poke Olivier Gechter) m’a proposé/lancé un défi de podcast. Concentration profonde pas trop longtemps. J’ai accepté et je me suis retrouvé à corriger d’anciennes nouvelles.
Puis j’ai rédigé un scénario test pour mon jeu de rôle. Concentration profonde plus longtemps.
Petit à petit, les rouages se sont remis en route.
La création était devenu un soin palliatif. Elle soignait mes craintes, mes angoisses, en me remettant le pied à l’étrier. Elle rallumait mon cerveau.

Aujourd’hui, je ne suis toujours pas à 100%. Il me reste plein de choses à faire : je dois tester des serious games, la période a été propice à certains. Je dois reprendre le travail sur deux serious games au boulot, je dois terminer le podcast, finir de rédiger le jeu de rôle avant de monter une équipe pour aller plus loin, corriger un roman (poke Jacques Fuentealba pour sa relecture explosive), en écrire d’autres ; les idées reviennent, recommencent à fuser, certes avec lenteur, mais elles sont là.
La création comme moteur de survie, comme porteuse d’espoirs, d’avenir.

Voilà mon expérience du confinement. Une chape cérébrale temporaire, un brouillard mental qui a duré trois semaines, peut-être quatre.

Quelqu’un a dit : « Ne vous mettez pas trop la pression avec la continuité pédagogique, vous n’êtes pas enseignant ». J’ai envie de dire : « Ne vous mettez pas trop la pression avec la situation actuelle, on ne fait que de notre mieux. »
Et c’est déjà pas mal.
Bref, créez si vous le pouvez. Remettez à demain si vous n’y parvenez pas. Et ne vous en veuillez pas. On est pas tous des machines de guerre créative (poke à Stéfane Desienne).

Prenez soin de vous.

Et regardez Emmanuel Barré. Ce type est fou.

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