Nostalgie vs Nouveauté

AVERTISSEMENT !
Je vais ici revenir sur le dernier vlog dispo ici :

Comme annoncé précédemment, je créé un lien entre les vidéos et les articles, vous laissant le choix du média. Le contenu est peu ou prou le même. Donc no stress, que vous suiviez l’un ou l’autre, vous ne louperez rien.
C’est bon ?
Alors on va !

Intro

Ces derniers temps, j’ai un peu la crève  du coup j’écris un peu moins vite, je relis moins vite, mais j’ai un peu plus de temps pour réfléchir. Et là, je viens de finir un bouquin qui m’a fait cogiter sur un truc qui me turlupine depuis un moment.
On dit souvent que tout a été écrit et qu’on passe notre temps à raconter les mêmes histoires. Mais ces dernières années, il y a quand même un phénomène qui devient vraiment flagrant : on assiste à une espèce de cristallisation de la pop culture. Une boucle infernale de recyclage permanent.

Regardez un peu les sorties ciné. Nouveaux Indiana Jones, Alien (avec la série qui fait grincer des dents), Terminator qui revient encore, Marvel qui ne lâche jamais l’affaire, DC Comics pareil avec ses Superman à la pelle, Jurassic World qui s’enchaîne… Bon, moi j’aime bien les dinosaures, franchement, mais j’avoue que les derniers films, je les ai pas trop kiffés.
Et quand on regarde les affiches actuelles, des fois on se dit qu’on dirait les mêmes sorties ciné d’il y a 20 ou 30 ans. C’est peu ou prou les mêmes titres, quoi. D’un côté c’est cool, on continue à avoir notre phénomène un peu doudou. De l’autre, c’est flippant parce qu’on se demande si on arrive encore à créer de nouveaux trucs. Pour nous qui sommes… disons, plus tout jeunes, j’ai l’impression de vivre dans une boucle temporelle où sans cesse les mêmes références tournent et reviennent. Et puis ça évolue peu. La dernière grande claque que j’ai prise, c’était la création de Stargate. Donc ça commence à dater, quoi.

Alors finalement, la question que je me pose c’est : est-ce qu’on passe notre temps à recycler le passé ou est-ce qu’on peut encore créer de nouveaux trucs ? Et dans ce recours à la pop culture, est-ce qu’on peut l’utiliser pour créer quelque chose d’inédit ou au contraire pour rester coincé dans l’ancien ?

J’ai deux bouquins qui illustrent parfaitement cette opposition. Et autant vous dire tout de suite : l’un m’a donné envie de balancer ma liseuse par la fenêtre, l’autre m’a réconcilié avec l’idée qu’on peut faire du neuf avec du vieux.

Ready Player One, Ernest Cline, Michel Lafon : la nostalgie comme piège à lecteur

Alors Ready Player One, c’est un livre que j’ai détesté. Et je l’ai détesté pour une raison toute simple : il y avait énormément de références à l’intérieur. On parlait de Pac-Man, de Star Wars, c’était vraiment du name dropping full, full, full.

Et je me suis demandé : mais à la fin, son auteur, qu’est-ce qu’il essaie de raconter ? Est-ce que ‘tout ce qu’il cite sert une histoire hyper sympa ou au contraire, estc-e que tous ces trucs sont là pour m’attirer en faisant appel à ma nostalgie ? Moi, j’ai eu l’impression qu’il cherchait juste à me draguer en parlant de ce truc commun qu’on partage. Et ça m’a laissé un arrière-goût de « on va citer tout un tas de trucs que tu aimes pour te faire croire que le livre est bien alors qu’en fait non ».

C’est vraiment comme ça que je l’ai vécu. Je sais que tout le monde l’a pas ressenti pareil – chacun ses goûts – mais moi, ça m’a laissé cette impression désagréable d’être pris pour un pigeon. Comme si l’auteur se disait : « Allez, je balance trois références à Donkey Kong et il va fondre, le vieux. »

Dungeon Crawler Carl, Matt Dinniman, Lorenstone : quand la pop culture sert à créer

Et puis il y a Donungeon Crawler Carl. Alors là, pour le coup, on va utiliser la pop culture, les références aux jeux vidéo, mais pas pour caresser les fans dans le sens du poil ou pour parler de plein de vieux trucs nostalgiques. Non, ici on utilise ces références pour essayer d’écrire une nouvelle histoire. Avec des références parfois un peu tordues, beaucoup d’humour, un vocabulaire beaucoup plus actuel. 

J’ai l’impression d’une mise en scène qui cherche à créer quelque chose de neuf, d’où l’invention du terme RPG-litt revendiqué par Lorenstone. 

Contrairement à Ready Player One, ce roman utilise les codes et nos références communes pour construire quelque chose d’original avec. C’est pas de la nostalgie pure, c’est de la création qui s’appuie sur un terreau commun.

Aller de l’avant avec ce qu’on a

Entre ces deux livres, finalement, est-ce que le deuxième a pas raison ? Est-ce que finalement, on peut pas utiliser toutes nos vieilles références, tous nos vieux machins, pour aller de l’avant ? Est-ce qu’on est obligé d’utiliser la pop culture pour sans cesse regarder en arrière ?

Moi, en tout cas, je préfère vraiment quand on va de l’avant. 

La nostalgie comme tremplin, pas comme béquille

Je pense que la différence fondamentale, c’est dans l’intention. Quand tu utilises la nostalgie comme une béquille – « regardez, je connais les mêmes trucs que vous, donc mon histoire est forcément bien » –, tu fais du Ready Player One. Tu flattes l’ego du lecteur, tu lui fais plaisir, mais tu lui apportes rien de neuf.

Mais quand tu utilises la pop culture comme un tremplin – « on part de ce qu’on connaît tous pour aller voir ailleurs » –, là tu fais quelque chose d’intéressant. Tu crées un pont entre le familier et l’inconnu. Tu rassures le lecteur avec du connu pour mieux l’emmener dans l’inédit.

C’est peut-être ça, la clé : faire en sorte que nos références nous servent, plutôt que de les servir. Utiliser notre bagage culturel commun comme un matériau de construction, pas comme un produit fini à ressortir de l’emballage.

Parce que sinon, on risque de tourner en rond éternellement. De se complaire dans cette boucle temporelle où on se nourrit de nos propres souvenirs jusqu’à l’épuisement.

Allez, sur ce, amusez-vous bien. Et arrêtez de regarder en arrière, y a plein de trucs chouettes devant aussi.

À bientôt !

Lilian.

Lilian Peschet
Lilian Peschet

Auteur de SF/Polar/Thriller

228 articles
2 abonnés

Soutenez Lilian Peschet – Brigadier de la SFF sur Tipeee

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.