Le sileeeeence

Il y a quelques semaines, j’ai commis cette vidéo :

J’ai tendance à me servir des dialogues comme d’une boîte à outils universelle : un personnage veut expliquer quelque chose ? Dialogue. Besoin de tension ? Dialogue. Petit creux entre deux scènes d’action ? Allez, hop, dialogue. En gros, chez moi, les gens parlent.
Beaucoup.

Ba ouais quoi, un dialogue, c’est magique. C’est vivant. C’est le moment où mes personnages prennent vraiment vie, où ils sortent de ma tête pour devenir des gens qui existent. Quand ils parlent, j’ai l’impression qu’ils respirent, qu’ils ont une vraie personnalité.

Pi j’ai d’ailleurs pour ref certains films de Spielberg, dans lesquels y ces scènes où les gosses parlent tous en même temps, où les dialogues se chevauchent, où c’est un peu le bordel.
J’adore ça. Tant pour le rythme, la vie, la manière dont les personnages se parlent ou répondent à côté, etc.
Et puis j’ai regardé la série Splinter Cell.
Et là, claque.

Splinter Cell donc

La série, pas le jeu – même si le jeu aussi est assez minimaliste dans ses dialogues.

Dans cette série, chaque mot semble pesé au gramme près. Une phrase, c’est comme une balle. Pas de tir de sommation. Pas de blabla. Quand un personnage parle, c’est que ça compte vraiment.
Il y a des scènes entières où personne ne dit rien. Où tout passe par les regards, les gestes, la tension palpable. Et putain, c’est puissant. Plus puissant que n’importe quel dialogue que j’aurais pu écrire.
J’ai regardé ça en me disant : « Merde, moi j’aurais mis un dialogue là. Et là aussi. Et probablement encore là. »
Mais eux, ils ont laissé le silence faire son boulot.
Et le silence, il travaille bien.

L’art du silence

C’est là que je me rends compte à quel point le silence, en écriture, c’est puissant.
Parce qu’un silence, c’est pas un vide. C’est pas un manque. C’est pas un moment où il ne se passe rien. Non, c’est une respiration. Un espace où le lecteur peut penser, imaginer, ressentir.
On oublie souvent que le non-dit, c’est aussi une forme de dialogue. Entre deux personnages, entre l’auteur et son lecteur. Ce qui n’est pas dit peut être aussi éloquent – voire plus – que ce qui est dit.

Trouver le bon équilibre : mission impossible ?

Alors bien sûr, faut pas non plus tomber dans l’extrême inverse. Un roman sans dialogues, où tout serait dans la description et le non-dit…

(Encore que, ça pourrait être un exercice super intéressant. Genre challenge : écrire une nouvelle entière sans un seul dialogue. Juste de la narration, des actions, des silences. Tiens, je note ça dans un coin.)

Mais depuis Splinter Cell, je me demande si je devrais pas traiter mes dialogues différemment. Plus à l’économie. Les garder pour les moments où ils sont vraiment nécessaires. Où ils apportent quelque chose que le silence ou la description ne pourraient pas apporter.

Intervenir seulement quand c’est indispensable.

Ce que je vais essayer de faire (peut-être)

Bon, je vous mens pas, je vais pas devenir du jour au lendemain un maître du minimalisme littéraire. C’est pas dans ma nature. J’aime trop les mots, les répliques qui claquent, les joutes verbales entre personnages.

Mais je peux essayer de faire plus attention.

Allez, sur ce, je retourne corriger mon prochain manuscrit 🙂

À bientôt !

Lilian.

Lilian Peschet
Lilian Peschet

Auteur de SF/Polar/Thriller

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