Jean marc Ligny – Je veux être ton fils

Je parlais Cyberpunk avec Jacques… 

Souvent, mes histoires commencent ainsi : « Je discutais avec Jacques… » Puis on provoque une embardée, on sort de la route, et surviennent les tonneaux dans les champs seine-et-marnais (ou dans les pubs, c’est selon).

Or donc, je parlais Cyberpunk avec Jacques, lorsque celui-ci m’a dit : « Tu devrais lire Inner City ».

Je ne connaissais pas le bouquin.

Il ajouta : Mais si, bougre de patate, Ligny. Tu le connais pas ?

Non, je ne le connaissais pas.

Il reprit : Faut sortir de  ton adoration pour Werber et de tes tweets assassins sur la DavoustGate.

Quoi ? Mais non ! Lionel a été odieux de dire aux auteurs d’utiliser des outils ! Est-ce que néandertal en utilisait, lui ? Hein ? L’art se fait nu, pur, vierge, il est mouvement, réflexion, et immatériel ! L’art, c’est pas l’artisanat, l’art, c’est tout et rien ! L’art…

OK, OK. J’ai délaissé mon twitter, j’ai abandonné la stormshit idiote provoqué par des excités du bulbe soumis à leur cerveau reptilien, pour me focuser sur cet auteur.

Je l’ai googlé. Et je suis tombé sur cette photo : 

Un visage qui mêle à la fois la coiffure de Le rebelle, un sourire de Mogwai, une capacité d’hypnotisme certaine et visiblement un léger problème aux cervicales.

J’ai donc lu Inner City, puis Exodes, puis Jihad, puis cette nouvelle : 

https://usbeketrica.com/article/le-desert-nouvelle-science-fiction-de-jean-marc-ligny?fbclid=IwAR0pC2yFAC_AqcRs-r2c4TcFPsj7D86dB_H0pnp4Mpg01g4Nwk-1JzY1WVE

Au départ, je ne voulais pas rédiger un article, j’avais la flemme, il faisait beau, pi j’avais la flemme, pi y avait du soleil, pi j’avais la flemme… Enfin, t’as pigé l’idée.

Puis quand même, à force de le lire, je me suis dit qu’il fallait quand même en parler un peu, pour les curieux du fond de la classe qui lisent pas souvent, et qui vont s’acheter un peu n’importe quoi pour tromper leur ennui durant l’été. Alors, plutôt que de vous jeter sur des romans douteux, concentrez-vous sur Ligny.

Jean-Marc, c’est en quelques livres une oeuvre qui marque. Plusieurs points communs m’ont frappé : 

  • l’anticipation efficace : Ligny possède un style qui va à l’essentiel. Sous une apparence « simpliste », il est travaillé pour être efficace, pour emporter le lecteur, avec un rythme qui ne nous laisse pas reprendre notre respiration. On se retrouve face à un page-turner, pas dans le sens péjoratif du terme, mais plutôt dans le sens où happé par le roman, on arrive plus à s’en décoller.
  • l’anticipation crédible : chaque fois qu’il aborde un sujet, il le pousse dans un futur pas si lointain, très probable, avec une mise en scène qui nous le rend tangible. Dans Exodes, on pourrait se retrouver face à un Mad Max, ou un Ken le survivant, mais en fait non. Il nous place face à un futur implacable, sans héros, sans solution.
  • l’anticipation effrayante : les deux qualités précédemment énoncées font que les livres de Ligny sont de véritables claques. On ne peut pas lire Exodes sans devenir écolo. On ne peut pas lire Jihad sans… bon là ça dépend. On ne peut lire Inner city sans brûler des consoles. Chaque fois qu’il s’attaque à un sujet, il le met en scène d’une manière brillante qui provoque la réflexion. 

Il a aussi un truc que j’aime bien, il est relativement implacable avec ses personnages : quand ils sont dans la merde, bin ils meurent. Du coup, on peut pas vraiment parler de « héros » dans ses livres. Chaque personnage principal tient son rôle tant qu’il le peut, jusqu’à la rupture. Alors non, on est pas chez Martin (George, pas Jacques) : il en profite pas pour génocider tout le monde toutes les 300 pages. Mais quand même, il est pas tendre.

Travaillant sur l’anticipation sociale, sur le cyberpunk et traversé par tout un tas de question que j’aimerai mettre en scène, j’avoue avoir trouvé dans ses livres matière à réflexion. Comment intégrer dans le cadre ce que je souhaite mettre en lumière, quelle place laisser aux personnages, comment construire l’intrigue, on pourrait rétro-ingéniérer ses différents romans pour en tirer une manière de faire.  

Tout ceci mit bout à bout me font dire comme les Silmarils en leur temps, Jean Marc Ligny, je veux être ton fils :

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