Le truc dont tu es le héros

Jeune, j’adorais lire. J’adore toujours, mais là n’est pas la question. Je lisais donc, et au détour d’une libraire, je suis tombé sur ces livres là :

En les ouvrant, je suis tombé dans un nouvel univers : celui des livres dont vous êtes le héros (LDVELH pour les intimes).
Système de règles efficaces, simples, claires, immersion au travers des chapitres dans une histoire complexe, avec des choix tantôt cornéliens (droite ou gauche ?) ou tantôt rigolo (tu lui parles ou tu le tues ?), possibilité d’avoir un équipement, de remplir une proto feuille de perso, etc. Comme tout le monde, j’ai respecté scrupuleusement les règles au début. Puis j’ai vite appris à tricher : Vous tombez sur ces 3 gobelins des ténèbres, si vous survivez… Évidemment que j’ai survécu ! Je suis Mordak, le grand guerrier des steppes ! Nanmého !
J’étais donc déjà conquis lorsque je suis tombé sur celui qui m’a le plus marqué : Masque jaune.

Ce dernier permettait ni plus ni moins que de créer son propre super héros, en se choisissant des super pouvoirs. L’aventure pouvait se jouer plusieurs fois, avec des héros aux pouvoirs différents changeant un peu à chaque fois l’histoire lue.
Je me rappelle avoir passé des journées à créer des super héros, des super vilains, et à avoir simuler des combats pour voir quelle team gagnerait.
#TeamVilains
#TeamHeros
Oui, on a l’enfance qu’on peut.

Mais l’article ne s’arrête pas là.

Ces derniers mois les livres dont vous êtes le héros sont revenus à la mode. Réimprimés, Re-illustrés, remis en page, on a pu en voir sur les étales de nos magasins culturels préférés :

Comme tout quadra, épris d’une certaine nostalgie, je me suis jeté dessus. J’ai tout retrouvé : les règles, les choix, la triche. Oui, on se refait pas.
Mais cette fois, plus vieux et plus sage, certains m’ont surpris par leur intelligence, par leurs choix savamment distillés qui offrent un intérêt énorme et donnent vie à l’univers et par leurs côtés gritty : tu tournes à droite, tu glisses, tu t’empales sur un pieu, t’es mort. C’est con hein ?
J’ai trouvé ça un peu punitif, mais why not.
Le niveau de langue m’est apparu comme intéressant. Dans cette ère où on prétend que pour séduire les enfants, il faut écrire comme maitre Gims, j’ai trouvé cette langue soutenue et au passé vivifiante.
Tout d’abord pour pousser les gamins à utiliser le passé, ensuite pour les confronter à d’autres niveaux de langue. En un mot, un LDVELH est jeu plutôt littéraire. Mais qu’importe, ce n’est pas là où je voulais en venir.

Je voulais en arriver à cette découverte toute récente : Les BDs dont vous êtes le héros (BDVELH pour les intimes).

Ça se présente comme ça :

Je place ce volume car je l’ai testé.
Premier point : je me retrouve face à une feuille de personnage plutôt sympathique, avec un arbre de compétences, des casses listés, et pour chacun un score. On devine de suite qu’il va s’agir d’accomplir plusieurs méfaits, et que suivant notre taux de réussite, on sera plus ou moins récompensé.
Second point… Non, j’ai commencé à jouer/lire immédiatement.
Petite introduction, le ton est léger, limite déconnant, langage familier, ça chambre, ça vanne, c’est léger. Puis me voilà à suivre un didacticiel, et là, je suis sérieux, la première mission est un véritable didacticiel tel qu’on en voit dans les jeux vidéo. Cette mission accomplie, le lecteur/joueur se retrouve face à une carte. Dessus, plusieurs endroits sont notés, avec un numéro de case. Tu as une semaine pour accomplir tes hold-up. 7 jours. Chaque hold-up coûtant un jour (environ).
Véritable GTA-like, tu es face à tes choix : bijouterie ou magasin high-tech ? Bar ou bibliothèque ?
Chaque lieu possède un degré de difficulté, un nombre d’employé et un butin estimé qui est censé te motiver.
Tes choix vont te permettre de réussir ou d’échouer, de faire évoluer tes compétences, de t’enrichir voire de te retrouver en taule.
Au final, j’ai pris un plaisir fou à jouer à ce truc. Bien supérieur aux LDVELH, parce que malgré leur côté nostalgie, en me replongeant dedans, je leur avais trouvé un côté « daté ». Ici, la BDVELH m’a semblé être un jeu à la croisée entre oeuvre visuelle et gameplay plus récent, juste par cette possibilité de choix. La linéarité est moins prégnante, il y a moins d’étape successives comme on peut en retrouver dans un récit à choix multiples, en un mot, Makaka éditions m’a plutôt convaincu.
J’en ai acheté un autre donc.

Certes. C’est un peu facile. Mais je suis curieux de voir combien chaque BDVELH dispose d’un système de règles qui lui est propre.
Je vais sans doute acheter d’autres volumes pour les enfants. Je garderai Livingstone pour leurs vieux jours, où les miens, pour leur montrer comment c’était avant (un peu comme quand on rallume le minitel pour présenter l’ancêtre d’internet). Mais j’ai la conviction que ces BDs sont plus adaptées aux enfants actuels et à leurs habitudes de jeu.

Je ne parlerai pas de la fiction dont vous êtes le héros :

Tout d’abord parce que je ne l’ai pas vu, mais surtout… parce que je ne l’ai pas vu, en fait. A priori, il me semble qu’il n’y a pas de système de règles, juste des choix qui vont venir influencer le déroulé de l’épisode, dès lors, est-on vraiment le héros de ce truc ? Pas sûr…

Là où je voulais en venir, c’est que depuis plusieurs mois, je m’interrogeais sur la porosité entre Oeuvre dont vous êtes le héros (ODVELH) et serious game.

Hier, je me suis retrouvé confronté à un projet singulier : besoin de faire vivre une expérience à l’apprenant, de scénariser ce qui lui arrive, de lui procurer certains sentiments (abnégation, frustration, etc), tout en lui offrant des choix stratégiques dans des lieux dédiés.
Scénario. Choix de lieux dédiés. Interaction avec les personnages dans ces lieux…
En creusant les possibles, nous sommes revenus sur le concept des BD de Makaka, en ajoutant dans les lieux importants (ex : la banque) des mini-jeux, des incrustations d’informations et du contenu pédagogique.

Personnage, système de règles, scénario, tout reste à définir, mais la base semble bien être une ODVELH.

Au final, des livres lus il y a presque 30 ans, ont permis l’émergence de nouvelles idées qui sont venues en renfort d’un projet en 2019.

Le monde est petit.

Une réflexion sur « Le truc dont tu es le héros »

  1. Bonjour Lilian
    Formateur, j’utilise beaucoup ce système de choix multiples; et tu assumes les conséquences de ton choix.
    Très intéressant pour des procédures….. et puis j’en ai quelques uns à la maison.
    En tant que quinqua, Je ne suis pas passé à côté.

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