Construire des cartes – Le deckbuilding

Introduction

« Le deckbuilding ou deck-building, que l’on pourrait traduire en français par « Jeu de construction de paquet de carte », est une mécanique de jeu de société. »

Attention à ne pas confondre ce type de jeu avec les jeux à combinaison de cartes : 

« Dans un jeu de combinaison de cartes, les joueurs vont construire leur paquet (deck) de cartes avant de commencer la partie afin de l’optimiser au mieux et dans le but de pouvoir jouer correctement au jeu. Il s’agit presque d’une étape de mise en place, et non pas d’un élément central de la mécanique du jeu.

Alors que dans un jeu de deckbuilding, les joueurs vont jouer au jeu et construire leur deck au fur et à mesure de la partie. Il s’agit de la mécanique principale du jeu, construire un paquet de cartes en jouant afin de remporter la partie. »

Dominion est souvent cité comme le premier Deckbuilding : https://unemanettealamain.fr/article/jeu-societe-dominion/

Un jeu créé par Danold X. Vaccarino, qui a reçu le Spiel des Jahres en 2008.

On me souffle dans l’oreillette que le Deckbuilding était présent dans la jeu de plateau Starcraft, mais qu’il n’était pas central au jeu (il n’en était qu’une mécanique : https://www.youtube.com/watch?v=rdhSuMiGBGI )

Voyons plus précisément ce qu’est un DG.

1/ La définition

Dans un deck Building, l’objectif primaire de chaque joueur est d’améliorer son deck (c’est à dire son paquet de cartes) pour parvenir à son objectif secondaire (remporter la victoire).

Wikipédia nous dit que le principe de base du Deck building est : « chaque joueur commence la partie avec une pioche et une main de cartes contenant des cartes de base. Il acquiert des cartes au cours de la partie pour améliorer son jeu, les nouvelles cartes étant plus intéressantes que celles de départ. 

Par exemple, elles peuvent fournir plus de ressources ou avoir des effets spécifiques.

Puisqu’il mélange sa défausse chaque fois que sa pioche est vide, le joueur a ainsi accès aux cartes acquises qu’il peut utiliser lors des tours suivants. »

On voit dans cette définition les 4 composants du deck building : 
Toutes les ressources ne sont pas disponibles de suite : chaque joueur possède sa pioche et le jeu dispose d’un endroit (une pioche secondaire) qui contient des cartes meilleures, autrement dit, on commence le jeu avec une main « faible » et limitée,
L’acquisition de nouvelles cartes améliore le jeu de joueur : les cartes disponibles dans le jeu et que le joueur peut acquérir sont meilleures que les cartes de base avec lesquelles ont démarre la partie, 
Cette acquisition est conditionnelle : il faut souvent dépenser des ressources pour acquérir ces nouvelles, ce qui permet de ne pas récupérer les cartes les plus puissantes tout de suite, il y a donc une progressivité,
Les cartes que le joueur disposent forment une boucle de jeu : le joueur les joue, acquiert des cartes, cartes qu’il va retrouver plus tard dans le jeu en piochant dans réserve de cartes (sa pioche quoi, mais la répétition de « piocher dans sa pioche » était un peu moche).

Wikipédia précise ensuite : « Si le début de chaque partie est souvent similaire, les joueurs doivent s’adapter aux cartes qui sont à leur disposition. Certaines mécaniques permettent également de supprimer des cartes de son jeu, permettant ainsi de l’épurer et de rendre l’accès aux meilleures cartes plus fréquent. Charge au joueur d’enrichir son jeu, de profiter des avantages de chacune des cartes et de bénéficier des combinaisons possibles lorsqu’il a les cartes en main. »

Je ne reviens pas sur le fait qu’on démarre « petit ».

On va donc gagner des cartes « meilleures » c’est à dire plus efficaces, plus puissantes, etc. Mais la boucle pose problème : acquérir des cartes fait grossir sa pioche (la main est souvent fixe – genre « vous ne pouvez avoir que 5 cartes en main »). Effectuer un tour complet de son jeu, atteindre les meilleures cartes s’avère compliqué à mesure que la partie dure. D’où la possibilité d’épurer son jeu en supprimant les cartes plus « pires ».

Durant la partie, le jeu du joueur devient meilleur. D’où le terme de building.

Le joueur de deck mobilise donc : 
– son intelligence, de par sa stratégie, 
– sa réactivité, de par son choix des cartes potentiellement disponibles dans le jeu pour améliorer ses cartes,
– son adaptabilité, en utilisant à bon escient son jeu en vue de remplir son objectif,
– son anticipation, en cherchant à comprendre la stratégie de son adversaire dans un contexte d’affrontement (La vallée des marchands, Clank, Shards of eternity),
– ou sa coopération si le deck building place les joueurs dans la même équipe (Aeon’s End).

2/ Plus précisément : les cartes

Le Deckbuilding revient à améliorer ses propres cartes. Mais ses cartes ne sont pas toutes les mêmes.

« Dans le deck de départ, les cartes sont habituellement divisées en deux catégories :

– Les premières, les plus utiles pour le lancement de la partie, seront considérées comme étant de la monnaie / des ressources. Elles vont nous aider à acheter de nouvelles cartes pour améliorer notre deck.

– Les secondes vont pour leur part rapporter des points de victoire, qui seront cumulés en fin de partie pour déterminer le vainqueur. »

Une carte peut avoir une ou deux de ses fonctions : dans La vallée des marchands, les cartes possèdent une valeur qui permet d’acquérir une carte plus puissante (en les additionnant). Mais pour gagner, il faut placer ses cartes suivant leur valeur (sous forme de suite).

Pour simplifier : une carte 2 et une carte 2 vous permettent d’acheter une carte 4. Vous avancez vers la victoire si cette carte vous permet de composer votre étale avec une suite : 1, 2, 3, 4, 5, 6.

Dans Aeon’s End, vous posséder des cartes Gemmes qui vous donnent soit de l’Ether pour jeter des sorts soit leur valeur pour acquérir de nouveau sort (de mémoire, je n’y ai pas joué depuis deux ans). Mais le joueur possède des cartes « Sorts ». Ces cartes sont des actions magiques que le joueur déclenchent pour vaincre les démons qui lui font face.

Dans Dominion, il existe trois types de cartes : les cartes monnaie, de valeur 1, 2 ou 3, qui permettent d’acheter des cartes plus chères, les cartes actions, qui permettent de piocher des cartes supplémentaires, et les cartes qui rapportent des points de victoires.

Dans Clank ce sont surtout des cartes actions : 15 mercenaires, 15 Explorer, 12 Livre des Secrets, 1 Gobelin et dans chaque deck de départ : 6 Cambrioler, 2 faux pas, 1 Contourner, 1 Se faufiler.

L’amélioration de son deck revient ici à accroitre ses actions disponibles. 

3/ Prenons La vallée des Marchands

La vallée des marchands est un deckbuilding souvent présenté comme l’un des plus simples, destiné pour l’imitation. Du cou c’est intéressant de l’étudier pour voir ses mécaniques.

Le contenu :

  • 110 cartes au total
  • 20 cartes « Camelote »
  • 90 cartes peuplades
  • une zone de marché où placer les cartes à acheter
  • un dé pour le peuple Ocelots.

Une carte camelote vaut 1 ressource (un point, une PO).

Une carte peuplade vaut le score indiqué dessus, mais elle peut devenir une carte action : il faut pour cela lire le commentaire inscrit dessus. 

Il y a 6 peuplades (Aras, Pandas, Ratons nordiques, Ecureuils volants, Ocelots, Caméléons).

Chaque peuplade possède des facultés différentes : les Aras facilitent la gestion de main, les pandas ont plus une partie pacifique, les ratons sont dans le conflit, les écureuils manipulent l’étale, les ocelots amènent du hasard et les caméléons permettent de jouer des cartes comme si elle provenaient d’une autre famille.

Chaque peuplade possède son jeu de cartes : 
Carte 1 x 4
Carte 2 x 3
Carte 3 x 3
Carte 4 x 3
Carte 5 x 2
-> 15 cartes.

Soit au total : 
24 Cartes 1
18 Cartes 2
18 Cartes 3
18 Cartes 4 
12 Cartes 5
-> 110 cartes.

Premier constat : les cartes de valeur 1 (carte 1 + Camelote) sont importantes : 44 cartes / 110 cartes.
un peu moins de la moitié mais quand même.

Objectif :
Former le premier son étale. Une suite de 1 à 6, soit 21 points.

Mise en place : 
Chaque joueur dispose de 10 cartes : 1 carte 1 par peuplade puis le reste avec des camelotes. Soit 10 points.

On choisit autant de peuplade que de joueur + 1.

Pour 2 joueurs : 45 cartes peuplades + 14 camelotes en jeu. Soit 59 cartes.
-> Soit : 
Carte 1 x 4 x 3 = 12 + 14 camelotes = 26
Carte 2 x 3 x 3 = 9
Carte 3 x 3 x 3 = 9
Carte 4 x 3 x 3 = 9
Carte 5 x 2 x 3 = 6
Et 26 / 59 = 1 point.
Nombre de points en jeu : 26 + (18 + 27 + 36) + 30 = 137
Soit 137/2 = 68 points

Pour 3 joueurs : 60 cartes peuplades + 18 camelotes en jeu. Soit 78 cartes.
-> Soit : 
Carte 1 x 4 x 4 = 16 + 18 camelotes = 34
Carte 2 x 3 x 4 = 12
Carte 3 x 3 x 4 = 12
Carte 4 x 3 x 4 = 12
Carte 5 x 2 x 4 = 8
Et 34 / 78 = 1 point.
Nombre de points en jeu : 34 + ( 24 + 36 + 48 ) + 40 = 180
Soit 178/3 = 59 points 

Pour 4 joueurs : 75 cartes peuplades + 20 camelotes en jeu. Soit 95 cartes.
-> Soit : 
Carte 1 x 4 x 5 = 20 + 20 camelotes = 40
Carte 2 x 3 x 5 = 15
Carte 3 x 3 x 5 = 15
Carte 4 x 3 x 5 = 15
Carte 5 x 2 x 5 = 10
Et 40 / 95 = 1 point.
Nombre de points en jeu : 40 + ( 30 + 45 + 60 ) + 50 = 185

Soit 185/4 = 46 points 

Premier point : le jeu se joue de 2 à 4 joueurs. On ne joue donc jamais avec toutes les cartes du jeu.

Ensuite, si mes calculs sont justes, plus il y a de joueurs, plus il y a de cartes, mais moins il y a de points par joueur répartis dans la partie. 

J’imagine que c’est fait pour équilibrer la durée du jeu et la tension entre les joueurs : plus il y a de joueurs et plus la partie est difficile car plus il faudra se dépêcher de récupérer des points et former son étale.

3 actions possibles : 

  • Achat d’une carte supérieure : le joueur doit défausser ses cartes pour en prendre une du marché. 
  • Jouer l’action d’une carte,
  • Former son étale en respectant la suite,
  • Défausser ses cartes.

Donc pour former son étale, le joueur peut soit acquérir des cartes fortes, soit additionner des cartes faibles.

Dans les deux cas, il y aura une raréfaction des ressources : soit en perdant les cartes dans l’achat, soit en les posant pour former son étale. La stratégie consiste donc à aller vite, à embêter le ou les adversaires et à maintenir un équilibre entre ressources à acquérir et ressources détenues.

Il y a donc un intérêt à jouer vite.

Ne pas oublier les actions qui viennent perturber les stratégies.

4/ Au final

Le Deckbuilding est une mécanique qui a le vent en poupe : de nombreux jeux l’utilisent, il en sort de nouveau, les joueurs aiment bien, d’autant qu’on peut l’utiliser tant sur des thèmes variés ( https://comboteurfou.wordpress.com/2016/03/24/les-deckbuilders-jeux-de-deckbuilding/ ) que sur des formes variées, qu’en coopération ou en affrontement. 

On peut donc la tordre, l’utiliser mais attention : on voit que les cartes ne sont pas que des valeurs numéraires ou des ressources. Elles peuvent portent des actions qui viennent perturber le joueur et les cartes à acquérir apparaissent dans un ordre aléatoire. 

Par contre on voit que plus les tours avancent, plus les joueurs deviennent puissants. C’est pratique par exemple pour rendre compte d’un phénomène d’inertie. Par contre, suivant le jeu, cet accroissement de puissance peut se traduire par une contre-inertie de réduction des possibles. Là, ça dépend de ce qu’on veut mettre en scène.

Le côté « chaque joueur élabore sa stratégie » peut favoriser l’échange autour de la table comme le bloquer. Tout dépend des joueurs. Certains apprécieront titiller leurs adversaires, bluffer, ou les bloquer. De l’autre, certains préféreront se faire discret, élaborer leur stratégie en toute quiétude et peut-être se braquer lorsqu’un autre joueur viendra les bloquer.

Etant à la mode, on peut être tenté de concevoir des jeux sérieux avec, maintenant, ça n’a pas l’air d’être si évident…

Méfiance donc. Et analyse.

Références de jeux : 

https://www.ludum.fr/blog/les-5-meilleurs-jeux-de-societe-de-deck-building-n74

Webographie

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeu_de_deck-building

https://www.ludum.fr/blog/deckbuilding-quest-ce-que-cest-n304

https://www.iello.fr/fr/news/cest-quoi-le-deckbuilding

https://www.archi-chouette.fr/blog/zoom-m%C3%A9canique/deckbuilding

http://gameofflines.fr/le-deck-building-cest-quoi/

http://www.laselectiondudimanche.com/les-indispensables-les-jeux-de-deckbuilding/

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