Depuis quelques jours une lame de fond traverse nos esprits.
Un exemple parmi d’autres, l’article de mon émérite collègue Olivier Saraja -> https://oliviersaraja.wordpress.com/2025/01/18/reseaux-sociaux-et-ebullition-sociale/
Son origine ? Les délires de Musk avec X, le suivisme de Zuck et l’évolution de ses réseaux qui font qu’on voit de moins en moins nos amis et de plus en plus de cinglés aux propos outranciers, entrecoupés de pubs pour des produits dont on se fout.
J’ai quitté Twitter/X depuis un moment, sans en être fier. J’ai l’impression d’avoir accompli un acte égoïste visant à me protéger de cette usine à haine, à insultes, à mal-être. En partir a davantage été libérateur que douloureux. J’y avais construit aucune commu, j’avais peu d’interaction et surtout, je me méfiais de son fil incessant, puits sans fond dans lequel on se noie. J’ai donc facilement claqué la porte.
Pour Facebook, c’est plus compliqué. C’est là que j’ai noué des contacts intéressants, profonds, j’y ai noué des amitiés sincères (Jacques Fuentealba, Olivier Saraja, Stefane Desienne, Olivier Gechter, Jean-Sébatien Guillermou, Jeff Balek, même Michael Roch et nos délires sur Youtube, et tant d’autres que j’oublie) et je dois à ce réseau le début de ma carrière (avec les éditions Voy’el, Corinne Guitteaud et feu Fred Vasseur).
À l’origine, on l’a peut-être oublié, mais y avait un truc magique autour de ce RS. Y avait l’espoir d’une mise en relation et pour quelqu’un qui, comme moi, n’avait aucun réseau dans le monde de l’imaginaire, c’était une manière de mettre le pied à l’étrier.
Et puis… Aujourd’hui… Toute cette magie s’est effondrée sur elle-même au profit… du profit.
Que nous reste-t-il alors ? Question posée par Monsieur Phal très justement dans sa vidéo d’hier : https://youtu.be/XhWOwv__kP8?si=3y6znYwlU9JUgkG2
Est-ce qu’on doit quitter les RS et perdre les contacts actuels ?
Est-ce qu’on doit migrer vers de nouveaux RS (genre Bluesky), quitte à les voir peu à peu sombrer à leur tour dans le côté obscur de la force ?
Et sans les RS, comment continuer à garder le contact entre copains ? Entre collègues ? Ou avec les lecteurs.ices ?
Est-ce qu’on doit tous se jeter comme Damasio et devenir un antitechnofacho (anti technologie fascisante) ?
Ou s’enfermer dans un Discord ? S’envoyer du Signal ou des Telegram ?
Comme le disait Ken le survivant, les temps comme les oeufs sont durs.
Je n’ai pas de réponse, que des questions, et un best de peur. Peur de perdre le peu liens construits durant toutes ces années, peur de me retrouver seul une nouvelle fois, peur de ne plus avoir de moyen de communiquer, d’échanger, de tomber dans un silence effrayant.
Ma manière de m’exprimer se fait par le biais d’histoire. Nul doute que cette évolution pour nous mener dans la dévolution (à force d’abrutir les gens, on obtient des rageux complètement siphonnés) nourrira un texte. En attendant, je suis triste.
L’informatique n’est plus un eldorado du mieux.
Les réseaux n’ont plus rien de sociaux.
Et le cyberpunk, c’est maintenant.
Lilian.
Eh oui, beaucoup de créatifs en sont à cette étape de réflexion, je note également que pour les proches ne produisant rien via les réseaux sociaux et se considérant « apolitiques », il n’y pas vraiment de problème et qu’ils et elles ne se posent aucunement la question d’un départ, du coup, cela renforce encore plus l’hésitation personnelle. Dans l’absolu, je ressens cette prise de confiance de nos milliardaires-fachos comme une opportunité de s’éloigner de leurs outils de propagande, excessivement toxiques depuis le début, et auxquels nous nous étions simplement habitués en fermant les yeux. C’est certainement angoissant, car pour des professionnels dans le milieu culturel, l’idée de perdre une tribune et les revenus déjà insuffisants qu’elle génère, voilà qui donne en effet à réfléchir. C’est un peu de la sobriété numérique forcée, sans solution équivalente pour limiter la casse. Mais je ne peux m’empêcher de penser que nous avons là une occasion d’assainir nos habitudes consuméristes, que nous allons pouvoir revenir à des modes de consommation plus raisonnables, sans cette hyper connectivité nous pourrissant la santé et le peu d’équilibre mental qu’il nous reste. Bref, je te souhaite en tout cas de trouver des pistes de ton côté!
Merci 🙂
Je partage effectivement cette angoisse. Pour le moment j’ai pas de bonne idée, mais je vais y réfléchir. Peut-être que les forums vont ressusciter 🙂 Où les sites perso – comme ici. Si tu trouves de ton côté, n’hésite pas à partager ! 😀
« Le cyberpunk, c’est maintenant », terrible conclusion ô combien pertinente… Pour ma part, j’ai le sentiment que tout s’est emballé ces dernières semaines, notamment avec l’émergence de l’IA dans notre vie quotidienne… et bien sûr cette élection catastrophique aux Etats-Unis, avec les conséquences que cela implique sur les réseaux sociaux. Des fois, je me dis que les blogs constituent peut-être une option afin de ralentir… réinvestir le réel aussi. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a pas de solution simple. Il faut peut-être se laisser le temps de réfléchir à tout ça, revoir notre rapport au virtuel. Je disais à un ami au téléphone que nous avons trop donné de pouvoir à ces réseaux : dans les années 2000, on ne prenait absolument pas au sérieux Facebook et Twitter, qui étaient perçus comme des gadgets… Je crois que c’est une immense faillite collective qui doit nous pousser à réfléchir…
Reprendre le temps d’avoir le temps 🙂 Se détacher du rythme frénétique des RS et de leurs notifications, sollicitations, captations et hystérisations.
On a une part de responsabilité dans cette soumission volontaire. Parfois, j’explique aux enfants que les RS, c’est vouloir parler à un pote, dire ce que tu dois lui dire à une entreprise qui prend tes mots, les porte aux oreilles du copain, ce qui peut paraitre étrange dans la vraie vie, mais semble si « normal » sur le net.
On va peut-être retrouver d’anciennes formes de communication comme relancer des fanzines 🙂 Des soirées. À voir…