Parfois, j’ai pas d’idée. Je veux dire que les projets sur lesquels je bosse ne me viennent pas . J’ai rien à ajouter, que dalle, je sèche, le cerveau bloqué. Quand ça m’arrive, je me pitch un truc que je teste.
Voici donc le teste du jour :
L’important c’est pas la chute, c’est l’atterrissage.
La sirène hurle. Difficile de ne pas l’entendre, malgré le casque qui me recouvre les oreilles et crache un rap du siècle dernier. Les hommes viennent de passer leurs armures, ils vérifient les poches de sang cachées à l’intérieur. Puis ils se rassoient, arme en main.
Freak, la nana du groupe, nettoie ses haches-lasers. Elle se bat à la franque. Elle débite les membres de nos ennemis plus vite qu’un bûcheron. Je ne me souviens plus pourquoi on l’a surnommé Freak, mais c’est ce qu’est écrit sur son plastron.
À sa droite, Karel, le croyant. Il ne part jamais au combat avant d’avoir accompli sa prière. On ne sait pas trop quel Dieu il prit, et on s’en fout un peu. Il me seconde. C’est un stratège, brillant, efficace, rationnel, froid.
À la gauche de Freak, Lars, le marteleur. Son marteau électromagnétique fait des ravages dans les rangs ennemis : d’un coup, il réduit en cendres le moindre circuit imprimé. Pour l’utiliser, il s’équipe de gants en cuir, épais, usé, qui lui donne l’air d’un forgeron.
En face de ces trois lascars, y à moi. Le chef de l’unité. Le maître d’orchestre de ces maigres talents. On m’a recruté au siècle dernier, alors que je n’étais qu’un homme comme les autres. On m’a formé, on m’a fait évoluer, puis on m’a préparé au combat, au point qu’aujourd’hui, j’ai l’impression de n’être plus fait que pour ça.
La sirène hurle. On n’entend pas encore le vrombissement des moteurs. On le devine quand même : quand cette maudite note de musique s’abat sur la ville, les immeubles encore debout tremblent, les survivants se terrent et nos unités sont balancées aux quatre coins cardinaux, pour encaisser l’offensive.
L’offensive, des projectiles crachés à la va-vite, des pans entiers de béton balancés pour écraser ce qui tient encore debout et ces maudits fantassins increvables, inépuisables, immortels mais désarmés. Faute à notre offensive sur leurs usines d’armement. Ce sera à l’ancienne, du corps à corps, du fight à l’arme blanche.
La sirène hurle, et nos cœurs martèlent en rythme, patientant, retenant leur énergie.
— Malkavian, à vos gourdes.
La section obéit, sans savoir pourquoi je leur ai filé son nom de code. S’ils savaient que ça vient d’un vieux jeu, ils tireraient la tronche : la guerre, c’est un truc trop sérieux pour en rire.
Chacun de mes hommes attrape sa gourde d’engagement. Ils dévissent le bouchon et le porte à leur bouche. Je les imite. Nous vidons le contenu dans nos bouches, il s’enfonce dans nos gorges, brûle nos estomacs et réveillent la bête qui sommeille en nous. Nous muscles s’embrasent, nos sens s’aiguisent, notre épiderme s’épaissit.
— Te reste un peu de sang là, fais-je à Lars, en pointant la goutte qui s’écoule à la commissure de ses lèvres.
Il sourit et s’essuie, alors que les ombres des premiers fantassins se découpent sur les restent des immeubles haussmanniens.
— Contact visuel, avertis-je.
Tous se redressent, prêts à en découdre, habitués au rituel, aux blessures, à la souffrance, à la régénération, au combat sans fin, jusqu’au moment où ce qu’il reste d’humanité n’aura plus besoin des vampires pour la protéger.
Ahahaha… La panne sèche, tout bon écrivain la connait. Ta façon de remplir le réservoir et remettre en route le moteur est loin d’être vilaine. Le texte est très sympa, léger, pas sérieux… Parfait donc.
Si tu en as d’autres dans la même veine, je suis preneur.
J’ai de tout 🙂
Au rayon bibliographie ou en farfouillant ici tu devrais trouver ton bonheur. Je mettrai d’ailleurs bientôt en ligne un nouveau projet, mais plus WTF qu’autre chose 🙂
En tout cas, merci pour ton commentaire.