Comment inventer encore de nouveaux mondes ?

En ce moment je bosse sur un nouveau projet. Pour ce projet, faut que je créé l’univers qui va bien. Mais en cherchant à le faire, j’ai l’impression qu’on a déjà tout lu, tout vu, tout joué. Je cherche un zest d’originalité mais…
– Des empires galactiques ? Check.
– Des dystopies ultra-contrôlées ? Check.
– Des villes englouties sous les eaux ? Check aussi. (hey d’ailleurs Polaris va être adapté en film !)
– Une apo avec des zombies mutants ? Ouais ouais.
– Des intelligences artificielles dépressives qui se posent des questions existentielles ? Che… Ça existe ça ?
En gros, je me heurte au Worldbuilding.

Alors je me dis que la voie est peut-être de croiser les effluves, même si c’est mal : Space op et chevalier ? Dystopie et Kaiju ? Cyberpunk et fantôme ? Bon moi, c’est dans l’espace… Donc espace et magie ? Espace et religion ? Espace et cyberpunk ? Espace et dimension parallèle ?

Mais rien me plait vraiment. Je trouve que ça boucle, ça retombe sur de l’existant, ça manque de souffle…

Et puis un jour, je tombe sur un truc totalement inattendu. Je mate une vidéo re rolistetv dans laquelle ils parlent d’un jeu japonais, et là… putain. La claque Imagine un peu : une course façon Paris-Dakar, dans un désert post-apocalyptique à la Mad Max. Déjà, ça, c’est pas mal. Mais attends, c’est pas fini. Il y a des kaijus et du steampunk par-dessus. Oui, des machines à vapeur dans le désert avec des monstres géants. Ça pourrait paraitre foutraque mais pourtant, ça vit, ça vibre, ça m’emporte tout de suite l’imaginaire.

Je me suis pris une claque monumentale.

Parce que ce monde-là, j’aurais jamais, jamais osé l’écrire. Trop bizarre. Trop risqué. Trop… foutraque, comme dirait ma grand-mère. J’aurais eu peur qu’on me regarde de travers, qu’on me dise « mais enfin, ça n’a ni queue ni tête ton truc ». J’aurais censuré cette idée avant même qu’elle prenne forme, histoire de rester dans les clous du « raisonnable ».

Mais justement. JUSTEMENT.

Ce qui m’a touché dans ce jeu, c’est pas juste le délire du décor. Non, ce qui m’a scotché, c’est que derrière ce mélange d’idées apparemment incompatible, il y a des enjeux qui tiennent la route. De l’émotion à l’état brut. Du souffle épique.

Ça m’a fait réfléchir. Comment fait-on pour inventer encore ? Pas juste pour mélanger des ingrédients comme un chef cuisinier bourré qui viderait son frigo… Mais pour créer un monde qui fait naître une histoire. Qui donne envie d’y croire. Ou au minimum, d’y vivre le temps d’un bouquin.

J’ai longtemps pensé qu’il fallait être original à tout prix. Que si ton monde ressemblait de près ou de loin à quelque chose qui existait déjà, c’était foutu. Que l’originalité, c’était LE truc. Le saint Graal de la création.

Sauf que c’est complètement con.

L’originalité pure, ça n’existe pas. On est tous nourris de références, d’archétypes, de peurs et de rêves qui souvent prennent leur source dans la culture populaire. Moi par exemple, je suis marqué à vie par Alien, Terminator et tout un tas de film des années 90/2000.

Alors quoi ? Je suis condamné à pondre un univers random sans vraie portée ni originalité ?

Peut-être que la réponse, finalement, c’est d’aller chercher dans l’absurde, le bancal, l’improbable, l’instinctif. Là où on ose pas aller parce qu’on a peur que ce soit trop bizarre pour être bon.

Avant, j’avais des notes avec des idées un peu chelou. Des trucs comme : « Et si les vampires étaient des super soldats qu’on avait créé pour combattre des Terminator ? » ou « Et si on pouvait transformer des fantomes en énergie pour des flingues, ça changerait la tronche de la guerre… » ou encore « Et si l’es rêves ‘imaginaire était un système de communication avec des dimensions parallèles ? ». Bon ça, j’ai commencé à le creuser dans Imaginexion, mais j’ai pas fini le fixer…

C’est peut-être là où la logique vacille un peu qu’on peut créer quelque chose qui va vraiment marquer. Pas parce que c’est étrange, mais parce qu’on a eu le courage d’aller au bout de l’étrangeté. Parce qu’on a porté un étrange qui nous correspond, qui vient de nous, et qui par conséquent vraiment singulier.

C’est peut-être le premier secret du worldbuilding : ne pas avoir peur du ridicule.

J’ai remarqué un truc aussi : souvent, les mondes les plus marquants naissent pas d’une seule idée géniale, mais de la collision entre plusieurs concepts qui n’ont rien à voir ensemble. Comme ce jeu japonais avec ses kaijus steampunk dans le désert post-apo. Pris séparément, chaque élément est banal. Ensemble, ils créent quelque chose d’unique.

C’est peut-être le second secret : oser les mélanges improbables.

Moi, j’écris pour trouver des approches qui mélangent des trucs. Un peu. Mais pas trop : je reconnais que ce qui m’emballe le plus, ce sont les personnages et leur relation, leur dynamique, mais ça, c’est un autre sujet.

Pour le moment, je dois construire un univers dans un monde space op… Un monde… avec des Kaiju ? Avec des méchas ? Avec des grand anciens qui tentent de rendre fou l’équipage d’un vaisseau (ah merde, c’est Event Horizon ça).

À bientôt.

Lilian.

PS : Alors j’ai creusé le jdr dont je parle ici ( Steam Build Riders: The Rally Raids ), il provient d’un éditeur us qui traduit des jeux jap. J’ai regardé leur page et là, j’ai trouvé un autre jeu. Une autre proposition : vous êtes un mec normal et vous devez combattre un Kaiju. Pas de pouvoir, rien. Juste, quelqu’un vous accompage et chaque fois que le Kaiju vous tue, le type vous ressuscite. Mais ce type, vous le connaissez pas vraiment. Là aussi, le concept frappe fort même si l’univers est moins spécifique.

Soutenez Lilian Peschet – Brigadier de la SFF sur Tipeee

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