Questions farfelues

Ils sont là !
Je répète, ILS SONT LÀ !
Qui ?
Mais, vous ne lisez pas les informations ? LES ZOMBIES VÉGÉTARIENS !
Quoi ? Rien à craindre ? Rien à foute ? Dis donc, jeune trépané par la télévision, te rends tu seulement compte de ce que pourrait devenir notre vie si des millions d’infectés se jetaient sur le moindre légume ?
Non ? Alors on y va : mise en situation !
Et vindiou, ça va tataner dans les potagers !

Les dents de la terre (ouais, ouais, toujours ces fucking clins d’oeil)

– 15 juin 2032. John speaking.
– Pourquoi tu parles anglais John ? demande Stacy.
– Au cas où l’armée américaine découvre nos cadavres.
– Mais nous sommes en Ardèche !
– Certes. Mais ne sous-estime pas l’armée américaine. Bref, 15 juin 2032. John speaking. Nous venons de perdre Sandy. Elle s’est portée volontaire pour sortir. Sa mission était de rejoindre la ferme Mourier, pour y trouver de quoi manger, mais sans nouvelle d’elle depuis maintenant soixante douze heures, nous devons conclure qu’elle a échoué. Nous n’avons presque plus de nourriture, et les barrières que nous avions érigées côté nord ont cédé cette nuit. Ils étaient si nombreux. je pense qu’ils ont du ravager les fermes alentours. Il ne leur reste rien à manger, aussi sont-ils plus agressifs que d’habitude.
Stacy se penche à la fenêtre de la grange. Depuis cette place forte, elle entrevoit les zombies, à genoux, entrain de gratter la terre, de sortir le moindre légume et de se jeter dessus avec une violence telle, qu’ils en avalent des mottes de terre.
– On dirait des vaches folles, lâche Stacy.
John coupe l’enregistreur mp3. Il la dévisage quelques secondes, lui faisant bien sentir que ce genre de remarques idiotes ne devraient pas figurer sur l’enregistrement, et le temps de fonctionnement de l’appareil étant limité, il ne peut se permettre le luxe d’effectuer plusieurs prises.
Consciente de tout cela, Stacy s’excuse d’un chuchotement tout juste perceptible.
John reprend :
– La situation n’est pas désespérée : il reste au sud les cultures de courgettes et de salades, mais… il est trop tard pour les carottes…
Sa gorge se serre tandis qu’il imagine les corps de carottes engloutis dans ces bouches affamées, déformées par la putréfaction.
– Il nous reste également dans la cave la récolte de patate de l’année dernière. N’étant plus que deux, nous devrions pouvoir survivre quelques mois encore… À condition que ces morts-vivants reprennent leur route. Ils sont une vingtaine. Trop pour nous deux. Nous allons tenté une diversion avec des tomates avariées… Ce sera risqué. Mais nous n’avons pas le choix.
Stacy jette un oeil à la cagette pleine de sphères rouge sombre, sur lesquelles des mouches suspectes viennent se poser.
– Je ne sais pas si ça marchera, dit-elle. Ils préfèrent le bio…
– Je sais. Il nous faudrait une tactique à la Monsanto pour leur faire avaler n’importe quoi, mais nous ne sommes que deux ardéchois, survivants d’une apocalypse verte, se donnant des prénoms américains pour donner du corps à toute cette histoire.
– Je sais, soupire-t-elle.
John coupe son enregistreur.
– Allons-y. Nous devons sauver les courgettes et les salades.
Stacy se lève, le regard enflammé par le courage, le visage contracté par la détermination.
– Nous n’abandonnerons pas ces légumes à leur triste sort ! conclut-elle.
Et les deux sortirent par la passage secret (dont je ne peux te révéler l’emplacement, sans quoi il ne serait plus secret… logique hein – imagine que tu deviens un de ces zombies, tu lis ça, paf tu te transformes, tu marches jusqu’en Ardèche et là, tu te dis : « Damned mother fucker, y a un passage secret derrière la gran… » non je l’ai pas dit ! Bref, tu piges l’importance de ne rien révéler. Poursuivons).
John et Stacy, John est un über mâle qui ouvre la marche et Stacy une femme un peu couarde qui garde les arrières en surveillant surtout qu’il n’arrive rien à John, filent le long du muret de la ferme. Ils l’ont élevé et renforcé il y a trois mois, quand tout a commencé, quand s’est répandue cette rumeur folle, de morts vivants mangeur de légumes.
Personne n’y croyait. Jusqu’aux premiers potagers profanés.
John arrive au bout du muret. Les zombies sont là, toujours à farfouiller, à retourner la terre de leurs doigts brisés.
– On y va, Stacy, imite le son d’une courge.
– Comment que j’fais ?
– J’en sais rien, démerde toi. Je m’en vais en contrebas étaler les tomates.
– John, c’est le moment où je dois t’embrasser parce que tu vas te sacrifier et te faire dévorer par ces monstres dans d’atroces souffrances.
– Stacy, je n’ignore pas tes dons médiumniques, mais ce sont des bouffeurs de chlorophylle, j’ai rien à craindre.
– J’ai lu le script John, embrasse moi.
– D’accord petite coquine.
Le baiser tout juste échangé, John se met à courir et traverse les fourrés, les bois jusqu’à la rivière. La ferme des Mourier est juste de l’autre côté. Tant pis, seuls les plus malins survivront.
En haut, Stacy s’écrit : « J’ai un problème avec mon ordinateur, j’arrive pas à installer internet dessus ! »
Imitation parfaite d’une courge de bureau.
Les zombies se redressent et courent en sa direction, elle se couche, et c’est au tour de John de prendre la relève :
– Oh les JiVéPlacés ! Par ici !
Il brandit bien haut ses tomates et en lance quelques unes qui viennent frapper des troncs. Les montres se ruent dessus. John s’éloigne de la ferme, jetant de-ci, de-là, des tomates moisies.
– Vivement que l’armée américaine débarque ! soupire-t-il et disparaissant dans le sous-bois.

Post scriptum

Je… heu… désolé.
M’enfin c’est eux qu’ont commencé ! Se préparer à une invasion de zombies quoi. Et végétariens quoi.

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