Quand on parle de musique et de jeu, on pense souvent jeu vidéo.
Dans les jeux vidéo, y a de la musique, que ce soit pour habiller un menu (genre FIFA), accompagner un feedback, une cinématique ou tout simplement la partie.
La musique est différente suivant le type de jeu : stressante, horrifique ou au contraire onirique, elle est diverse.
Il existe aussi des jeux musicaux. Du Karaoké, à la danse voire à jouer d’instruments, elle est alors un élément du gameplay dont on perçoit l’utilité. Puis il y a les jeux dont les thèmes nous restent dans la tête, de FFFVII à Mario.
La musique est bien un élément incontournable : https://www.francemusique.fr/culture-musicale/la-musique-des-jeux-video-un-monde-a-decouvrir-66460
Et depuis un moment : http://www.jeuxvideo.com/dossiers/00011028/la-musique-dans-les-jeux-video.htm
Plusieurs articles reviennent sur son évolution depuis les premiers bips, son en 8 bits, qui rythmaient l’action, pour ensuite devenir musique électronique, puis symphonique.
La musique a évolué en premier lieu grâce à l’évolution du matériel (les ordinateurs, les consoles et leurs cartes sonores) et à l’évolution des encodages (du MP3) et à l’augmentation des capacités de stockage.
Alors on s’interroge sur cette musique : est-elle spécifique ? La compose-t-on comme une musique de film ? Mais une musique de film est linéaire, alors qu’un jeu vidéo est dynamique…
https://www.francemusique.fr/culture-musicale/comment-composer-pour-les-jeux-video
Aujourd’hui, cette musique est reconnue comme un élément entier du jeu, dont on peut profiter en dehors de tout écran : des concerts ont lieu, dans lesquels les BO de jeux sont jouées et l’on se demande si cette musique, en faisant venir au concert une nouvelle vague d’auditeur, ne va pas devenir l’avenir de la musique (Mozart Vs Zelda)https://www.franceculture.fr/emissions/le-billet-culturel/le-billet-culturel-du-jeudi-21-juin-2018
Les game designers savent combien elle est importante, combien elle sert l’ambiance, combien elle favorise l’immersion, elle accompagne le joueur et lui provoque des sensations. Elle n’est pas qu’un élément de feedback qui vient saluer une bonne ou une mauvaise action, elle n’est pas qu’un habillage de menu, elle est un véritable acteur de l’expérience de jeu et en ce sens, tout comme les briques de gameplay, elle vient renforcer le jeu.
On la retrouve aussi dans les parties de jeu de rôle.
Élément d’ambiance bien connu, les OST ou les BOF permettent de poser une ambiance, elles déconnectent les joueurs de la réalité et apportent du concret à la scène vécue par les personnages. On pense à Willow pour les ambiances féériques, et plus punchy lors de la course poursuite, Conan pour les bastons, Dracula (de Coppola) pour les scènes effrayantes.
On sent que la musique vient porter le jeu.
Cet article revient dessus :https://www.letemps.ch/sciences/musiques-jeux-video-meilleures-se-concentrer-travailet nous apprend qu’elle favorise l’état de « Flow », si cher au game designer.
Jusque là, vous me direz, rien de neuf sous le soleil : ça fait un moment que nous prenons du plaisir à écouter de la musique et ça fait un moment aussi que nous savons combien jeu et musique vont de pair.
J’ai playtesté récemment Sub Terra. Dans ce jeu de plateau, le ou les joueurs interprètent des spéléologues qui doivent s’extirper d’une caverne. Bien évidemment, ils sont poursuivis par des monstres, ils vont devoir élaborer des stratégies de survie (rester ensemble ? Se séparer ?) et se soutenir (apporter des soins ? Tendre des cordes par dessus les précipices, etc).Ce jeu, sans musique, est juste distrayant. Mais en lisant les règles, les concepteurs nous proposent une mise en scène : éteindre les lumières, se placer dans la pénombre et faire jouer une musique stressante. Là, le jeu prend tout son sens.
Cette expérience m’a marquée : lorsque nous avons conçu notre serious game sur la sécurité informatique, nous avons mis en arrière fond une musique d’ambiance, stressante :
https://www.youtube.com/watch?v=4F7sdy2rZws
L’idée était de créer une ambiance. Les joueurs ont joué. Ils étaient stressés.L’une de nos play tests s’est effectuée sans musique. Déjà nous, en tant que concepteur, nous avons ressenti comme un vide. Les joueurs ont résolu le scénario, mais eux aussi semblaient moins pris par le jeu. Discussions plus longues, sourire, le stress constaté dans les premières play tests n’étaient plus là. Pourtant le jeu était bien le même.
Au final, nous avons constaté la relation entre la musique et notre serious game. Notre serious game est à la base un jeu de plateau. Un jeu de plateau est à la base un jeu. Un jeu est à la base une activité dans laquelle l’ambiance est importante. Cette ambiance est portée par la musique.
En résumant, et pour aller vite, notre serious game est porté par une musique.
Au final, j’en retire l’expérience qu’un bon serious game doit reposer, tout comme un bon jeu, sur une bonne musique.
Il ne s’agit pas d’un détail.
L’expérience de jeu qui en découlera confortera les concepteurs.
Et marquera les apprenants 😉