Question Spoil du prochain roman

Le premier texte où il était question de sauvegarder un mort était un article. J’y décrivais une conversation entre Jeff Balek (mort, mais il m’en a pas voulu) et moi (vivant, je m’en voulais pas non plus d’ailleurs) ; hommage à son roman Lisa ( https://ianian.org/2013/04/lisa-jeff-balek/ ) aujourd’hui disparu des étales, à tord.

En fait, au début, il y avait une vanne sur la iTomb (rien à voir avec Raider), un truc fait par Apple, un peu avant que son grand gourou passe la pomme à gauche.

itomb

Mais bref, sur le coup, dialoguer avec un mort me paraissait une idée formidable (surtout que le macabé est cool hein, parce que discuté avec un con, même mort, c’est loin d’être funky) : on pourrait échanger quelques mots, se rappeler le visage, le phrasé, le son de la voix, bref tout ce que j’ai oublié de mes proches disparus trop tôt, trop vite.

Je me disais aussi que ça pourrait permettre d’accomplir son deuil de manière plus douce : pour ceux partis d’un coup, sur un accident, une crise cardiaque, les proches auraient un moyen de retrouver un peu le défunt, peut-être d’adoucir sa disparition, et ne plus parler de « disparition » mais bien de « départ ».

Quelque part, il s’agit d’amoindrir la violence du décès. Même si, au fond, quand on est mort, on est mort.

Ce questionnement, je l’ai repris dans « Nos dimanches », mais avec une mise en scène plus dramatique : un fils cherche des réponses en discutant avec son père sauvegardé. ( https://ianian.org/2013/05/nos-dimanches-lilian-peschet/ ).

Dans les deux cas, je mettais en scène des difficultés techniques (problème de batterie, problème d’une discussion initié devant une image dirigée par un ordinateur – et donc incapable de fournir les réponses attendues).

Il ne s’agit là que de « sauvegardes avancées ». Quelque part, il existe déjà des sauvegardes de nous, mais l’entité sauvegardée n’est pas vraiment nous : il s’agit de notre double numérique, constitué de nos échanges sociaux (mails, tchattes), nos préférences (via les réseaux sociaux et les google-like – genre les films, livres, musiques etc), nos pensées (nos statuts), notre trajectoire sociale (amour, amitié, désamour, désamitié), nos boulots, nos adresses, nos numéros de téléphone etc. Des infos intimes, qui parlent de nous, qui sont à la marge de ce que nous sommes, mais qui , sans être nous, sont tout de même un peu nous (je sais pas si je suis clair là). Comme un organe externe en quelque sorte.

Quand je parle d’ « avancé », j’entends par là que les sauvegardes mises en scène intègre les souvenirs du défunt. Quelle différence ? Les souvenirs ne sont pas toujours identiques à ce que nous affirmons publiquement. Il s’agit de s’enfoncer un peu plus dans l’intime. Dans nos pensées. Dans les non-dits, les non-publiables, les non-partageables. Autant dire, le plus intéressant.

Ces sauvegardes rassemblent donc notre double numérique et nos souvenirs.

Qu’est-ce qui cache derrière cette conception ? L’opposition corps / esprit.

C’est un truc très transhumaniste : l’esprit est en quelque sorte une somme de données, qui n’appartient vraiment à aucun organe. Le cerveau n’est qu’un espace de stockage comme un autre, une sorte de disque dur biologique, et nous extraire de cet espace de stockage mortel, nous permettrait de vivre bien plus longtemps (voire de devenir immortel – tadaaaaaam !). Et oui lecteur, tu sera immortel ! Cool hein !

C’est aussi un truc très fantomatique : si ton esprit n’est pas ton corps, il peut lui survivre, et donc revenir sous forme de fantôme. On attend d’ailleurs toujours Egon…

ghostbusters-logo

Derrière ça, on devine l’opposition esprit / matière, et donc une sorte de dualisme ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Dualisme_(philosophie) ) où j’ai vu une citation de Descarte, mais que je ne saurai expliquer vu que j’ai rien lu de lui. Sauf les boutiques de jdr. Mais ça compte pas.

Cette conception est intéressante parce qu’elle se questionne facilement : le cerveau est-il vraiment un espace de stockage neutre ? Et d’ailleurs, les espaces de stockage sont-ils vraiment neutres ? N’a-t-on jamais entendu un fichier se plaindre de passer d’un disque dur à une clef usb ?

Derrière, cette sauvegarde pourrait-elle vraiment fonctionner ?

Deviendrait-on vraiment immortel une fois sauvegardé ? Comme dans un jeu ?

Car en cherchant pas loin, on peut facilement retourner cette démarche : http://fr.wikipedia.org/wiki/Monisme

Si le corps est le cerveau, le cerveau est l’être, la sauvegarde n’est pas possible. Et donc la mort inéluctable. Et donc toi, lecteur, tu vas mourir. Mauvaise nouvelle hein !

C’est mon point de départ. 

En parallèle, Mon donjon mon dragon m’avait laissé un mystère : Franck s’était-il vraiment suicidé ?

Le fans s’en foutaient, mais moi, qui avais créé ce personnage, je me sentais redevable. Pour une raison chelou… Vu qu’il branlouille pas grand chose dans mDmD…

L’association des deux engendra le roman sur lequel je bosse.

Voilà. Un truc qui sortira un jour.

En 2015 sans doute…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.